LPM 2024-2030 : conforter les fondamentaux de la défense de la France

Sebastien LECORNU - Ministre de la Défense - 11/04/2023 10:10:00

Pour préserver notre souveraineté face au retour des logiques de puissance, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 va renforcer notre dissuasion pour nous protéger de toute menace d'origine étatique. Dans le même temps, face aux stratégies hybrides, elle renforcera nos moyens de surveillance et de renseignement. L'essentiel de ces mesures en sept points.

1 - Dissuasion
La loi de programmation militaire vise à garantir la crédibilité dans la durée de la dissuasion, clef de voûte de notre outil de défense. Elle protège les Français contre toute menace d'origine étatique contre ses intérêts vitaux, d'où qu'elle vienne et quelle qu'en soit la forme.

Les deux composantes seront modernisées dans une logique de stricte suffisance.

La composante aérienne, tout d'abord, verra l'entrée en service du missile Air-sol moyenne portée amélioré rénové (ASMPA-R) et la préparation de son successeur l'Air-sol nucléaire de quatrième génération (ASN4G). Les travaux concernant son futur porteur, évolution du Rafale et New Generation Fighter (NGF), seront engagés.

La composante océanique, ensuite, verra se poursuivre les travaux qui permettront l'entrée en service du sous-marin nucléaire lanceurs d'engins de troisième génération (SNLE-3G) au cours de la décennie 2030-2040 et les évolutions du missile balistique M51.

Enfin, les moyens de transmission des forces nucléaires seront également modernisés.

2 - Renforcement des postures permanentes de protection
Outre la dissuasion, la LPM permettra de consolider toutes les postures permanentes de protection : posture permanente de sûreté aérienne (étendue à la lutte anti-drones et à la très haute altitude), de sauvegarde maritime, ou encore la contribution des armées à certaines missions de service public (sauvegarde, secours aux populations, soutien aux autres administrations). Le texte renforcera également la posture permanente dédiée à l'influence, érigée en fonction stratégique par la Revue nationale stratégique (RNS) 2022, et à la lutte informationnelle.

L'utilisation massive de drones armés se généralise sur les théâtres d'opérations comme lors du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh, ou plus récemment en Ukraine. La LPM entérinera l'accélération de la feuille de route lutte anti-drones (LAD) du ministère des Armées.

Des Serval LAD viendront compléter les VAB spécialisés déjà en service.

Les armées disposeront également de 15 systèmes PARADE (Protection déployAble modulaiRe Anti-DronEs), soit 9 de plus qu'à la fin de l'année 2023.

3 - Renseignement et contre-ingérence
Les défis technologiques actuels imposent des capacités d'exploitation renouvelées et une industrialisation des outils d'investigation numérique. Une attention sera accordée au recrutement et à la fidélisation des capacités humaines de renseignement, dans un contexte de concurrence avec le secteur privé.

Au terme de la prochaine LPM, l'armée de l'Air et de l'Espace sera équipée de trois Avions de renseignement à charge utile de nouvelle génération (ARCHANGE).

L'armée de Terre bénéficiera d'un plan d'équipement accéléré et de l'armement du Système de drone tactique avec charge de renseignement d'origine électromagnétique (SDT ROEM). Elle déploiera également un commandement des actions dans la profondeur et du renseignement.

Entre 2024 et 2030, 5 milliards d'euros seront consacrés au renseignement et à la contre-ingérence.

4 - Forces spéciales
Issues des trois armées, les forces spéciales jouent un rôle clé sur de nombreux théâtres d'opérations. Avec la future LPM, elles verront leur rôle, leur polyvalence, leur réactivité et leurs moyens de renseignement, de projection et d'action renforcés.

Les forces spéciales disposeront de nouvelles capacités comme des avions de transports modernisés, des hélicoptères Caïman FS, des drones plus endurants, une gamme de véhicules renouvelée et des moyens d'action de surface et sous-marins de nouvelle génération.

2 milliards d'euros seront consacrés aux forces spéciales sur toute la durée de la LPM.

5 - Réactivité
L'échelon national d'urgence renforcé (ENU-R) permet de générer une force interarmées adaptable en volume et qualité selon les besoins, en mesure d'être projetée depuis le territoire national sous des délais d'alerte allant de 48 heures à 10 jours.

6 - Outre-mer
Dans nos Outre-mer, les forces de souveraineté ont vocation à protéger le territoire national, défendre la souveraineté de l'État dans ses eaux territoriales et sa zone économique exclusive - la deuxième plus importante de la planète - et faciliter la coopération militaire bilatérale avec les pays de leur zone de responsabilité. En renforçant leurs moyens, la LPM 2024-2030 consolidera la protection de nos territoires d'outre-mer, en Indopacifique notamment. Dans cette région du monde, la pression et les stratégies hybrides de nos concurrents et compétiteurs stratégiques nous obligent à adapter notre dispositif.

Nos forces de souveraineté bénéficieront d'un effort généralisé sur le plan capacitaire (protection, intervention et appuis, infrastructure) et constitueront un premier échelon renforcé immédiatement disponible (présence, protection et action humanitaire) afin de décourager toute tentative de déstabilisation ou de prédation.

Pour la Marine, le renouvellement des capacités débuté lors de la précédente LPM se poursuivra avec la livraison des Patrouilleurs Outre-mer (POM) et l'arrivée de la première corvette hauturière destinée à remplacer les frégates de surveillance.

Pour l'armée de l'Air et de l'Espace, le renforcement des capacités de transports stratégique permettra de consolider nos capacités de projection et d'intervention en cas de crise humanitaire ou géopolitique.

Pour l'armée de Terre, les moyens terrestres seront renforcés avec notamment un durcissement des équipements et une densification des forces prépositionnées (génie).

Sur la période 2024-2030, 13 milliards d'euros seront consacrés aux Outre-mer.

7 - Consolidation du socle d'entrainement
La préparation opérationnelle sera renforcée qualitativement en visant des entraînements de « haut de spectre » pour consolider les compétences nécessaires aux engagements de court terme. Elle intègrera dans son périmètre les nouveaux champs de la conflictualité.

Le recours à la simulation sera généralisé à l'ensemble des domaines opérationnels pour une capitalisation plus rapide des savoir-faire nécessaires à un engagement dans un conflit de haute intensité.

L'exercice ORION 23 a été un des premiers jalons de l'emploi de la simulation ; ORION 26 constituera un deuxième jalon avec un théâtre hybride simulé.