"Sans égalité des genres, il n'y a pas de transformation des systèmes agroalimentaires" Qu Dongyu présente un rapport phare de la FAO sur la situation des femmes et leur rôle

FAO - Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture - 28/04/2023 09:20:00

Rome - Le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a présenté jeudi le nouveau rapport de la FAO consacré à la situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires lors d'une manifestation de haut niveau tenue au siège de l'Organisation.

Le rapport dresse un bilan complet de la situation des femmes qui travaillent dans l'agriculture et, plus généralement, à tous les niveaux des systèmes agroalimentaires. On y trouve également des données détaillées et des enseignements tirés de l'expérience en ce qui concerne les questions de genre dans le secteur, en particulier sur la mesure dans laquelle les femmes exploitent les possibilités socioéconomiques et en tirent des bénéfices.

«Ces 20 dernières années, la lutte contre les disparités en matière de genre dans le systèmes agroalimentaires a progressé lentement et de façon irrégulière. Les domaines où la situation reste inchangée ou se dégrade sont encore trop nombreux», a averti M. Qu.

Le Directeur général a souligné qu'un changement profond dans la manière dont les femmes travaillent dans les systèmes agroalimentaires - qui passerait surtout par la réduction de l'écart de rémunération et de productivité entre les femmes et les hommes - aurait des effets positifs sur la production agricole, la sécurité alimentaire, l'alimentation et la nutrition des enfants et serait bon pour l'économie mondiale.

«La FAO estime que le resserrement de ces écarts pourrait entraîner une hausse ponctuelle du PIB mondial de 1 000 milliards de dollars des États-Unis (1 pour cent) et faire sortir 45 millions de personnes de l'insécurité alimentaire», a-t-il souligné.

M. Qu a ajouté qu'en publiant ce rapport, la FAO réaffirmait sa volonté de travailler plus dur encore au service de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes.

«La transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables dépend de l'autonomisation de toutes les femmes et de l'égalité des genres», a-t-il affirmé, exhortant les membres à concourir ensemble à ces objectifs.

La Commissaire de l'Union africaine chargée de l'agriculture, du développement rural, de l'économie bleue et de l'environnement durable, Mme Josefa Sacko, ainsi que la Secrétaire à l'agriculture et à l'élevage du Honduras, Mme Laura Suazo, ont toutes deux prononcé des déclarations liminaires.

Mme Sacko a souligné qu'en raison des lois, des politiques, des coutumes et des programmes en place, les femmes étaient sensiblement désavantagées par rapport aux hommes dans les systèmes agroalimentaires africains. En Afrique subsaharienne, par exemple, 60 pour cent des femmes actives travaillent dans le secteur mais n'ont pas le même accès que les hommes aux moyens et ressources indispensables dans les systèmes agroalimentaires, tels que la terre, les services liés aux intrants, les financements et les technologies numériques.

La Commissaire a expliqué que, pour y remédier, l'Union africaine élaborait avec l'aide des Nations Unies une politique en faveur de l'autonomisation des femmes dans l'agriculture. Elle a également déclaré que l'Union africaine était prête à collaborer avec d'autres acteurs pour donner suite aux recommandations formulées dans le rapport et atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d'ici à 2030.

Mme Suazo, quant à elle, a souligné que les femmes n'étaient pas simplement confrontées à ce problème mondial mais contribueraient également à le résoudre. Pour qu'une réelle égalité des genres se concrétise, elle a préconisé un meilleur accès des femmes et des filles à la formation et à l'éducation formelles et informelles.

La Secrétaire a aussi insisté sur l'importance capitale de la participation politique des femmes et de leur implication dans la définition des grandes orientations, en particulier en Amérique latine, en Amérique centrale, en Afrique et en Asie, où il importe selon elle d'adopter des politique inclusives qui tiennent compte des questions de genre pour rendre les sociétés plus justes et plus équitables.

La FAO a profité de l'événement pour mettre en lumière l'intérêt que revêtent les conclusions du rapport pour les décideurs et responsables, les acteurs du développement, le secteur privé, la société civile et le milieu universitaire. Différents représentants de ces secteurs ont également donné un aperçu du travail qu'ils accomplissent sur le front de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes dans les systèmes agroalimentaires, dont on ne saurait se passer pour atteindre les ODD.