Violations des droits humains en Algérie, au Bélarus et au Myanmar

Parlement Européen - 15/05/2023 09:15:00


Jeudi, le Parlement européen a adopté trois résolutions sur le respect des droits humains en Algérie, au Belarus et au Myanmar.

La liberté de la presse et la liberté d'expression en Algérie : le cas du journaliste Ihsane El-Kadi

Le Parlement demande instamment aux autorités algériennes de libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement et inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, y compris le célèbre journaliste Ihsane El-Kadi, qui a été condamné en avril à une peine de cinq ans de prison et à de lourdes amendes pour des accusations infondées liées au fait qu'il aurait reçu des fonds pour "propagande politique" et "atteinte à la sécurité de l'État". El-Kadi a également reçu l'ordre de dissoudre sa société de médias.

La résolution appelle les autorités algériennes à modifier les accusations liées à la sécurité dans le Code pénal utilisées pour criminaliser le droit à la liberté d'expression. La résolution dénote que, depuis les manifestations dites du Hirak en 2019, la situation de la liberté de la presse s'est considérablement dégradée en Algérie, les autorités bloquant de plus en plus de sites d'information et de publications critiques à l'égard du gouvernement.

Le Parlement demande instamment à toutes les institutions de l'UE et aux États membres de condamner ouvertement la répression de la liberté de la presse en Algérie, tout en appelant la délégation de l'Union et les ambassades des pays de l'UE à demander l'accès aux journalistes emprisonnés et à assister aux procès. Enfin, les députés veulent que les autorités algériennes garantissent l'autorisation de visa et d'accréditation aux journalistes étrangers, ainsi que leur liberté d'exercer.

La résolution a été adoptée par 536 voix pour, 4 contre et 18 abstentions. Pour plus de détails, le texte intégral sera disponible ici. (11/05/2023)

Bélarus: traitement inhumain et hospitalisation de Viktar Babaryka, figure de l'opposition

Le Parlement demande instamment aux autorités du Bélarus de faire cesser les mauvais traitements infligés à l'ancien candidat à la Présidence, Viktar Babaryka, et à d'autres prisonniers politiques. Le PE réclame leur libération immédiate et sans condition. Les députés condamnent fermement le "traitement inhumain des prisonniers politiques et des membres de leur famille" dans le pays, et demandent au Bélarus de veiller à ce que les personnes détenues aient accès à une assistance médicale appropriée, à des avocats, à leur famille, à des diplomates et aux organisations internationales afin d'évaluer leur situation et de leur fournir de l'aide.

Viktar Babaryka a été condamné en juillet 2021 à 14 ans de prison pour des motifs politiques et a été hospitalisé en avril de cette année, des traces de coups ayant nécessité une intervention chirurgicale. Dans le cadre de la répression de l'opposition politique et de la société civile, le régime du Bélarus maintient environ 1500 prisonniers politiques dans des conditions de détention impliquant des traitements cruels, inhumains et dégradants, et de la torture. Certains prisonniers sont morts en détention, selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

Les députés réaffirment leur solidarité avec le peuple du Bélarus dans sa lutte pour un gouvernement libre, souverain et démocratique et contre l'implication du pays dans la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine. Ils réitèrent leur appel, tiré d'une résolution adoptée le 15 mars, pour que l'UE et les États membres élargissent les sanctions contre les individus et les entités responsables de la répression au Bélarus, et pour que tous les auteurs des violations systématiques des droits humains sous le régime du dictateur Alexandre Loukachenko répondent de leurs actes.

Le texte a été adopté par 533 voix pour, 9 contre et 27 abstentions. Pour plus de détails, il sera disponible ici. (11/05/2023)

Myanmar, la dissolution des partis politiques démocratiques

Les députés condamnent fermement le régime violent et illégitime de la junte militaire au Myanmar, qui a plongé le pays dans une crise humanitaire et des droits humains. Ils condamnent la récente décision de la Commission électorale de l'Union, nommée par les militaires, de dissoudre quarante partis politiques, d'arrêter et d'emprisonner des personnalités politiques, d'utiliser le viol comme une arme, ainsi que les frappes aériennes régulières de l'armée sur des cibles civiles.

Suite aux derniers événements, le Parlement demande que les partis dissous au Myanmar soient rétablis, et que les tous les prisonniers politiques soient libérés immédiatement et sans condition. Les députés demandent la levée immédiate de l'état d'urgence illégal dans le pays, l'arrêt de l'usage indiscriminé de la force par les militaires, le rétablissement du gouvernement civil et du parlement, et le retour à des processus démocratiques.

En outre, la résolution appelle l'UE et les États membres à augmenter considérablement l'aide humanitaire en faveur de la population et des réfugiés du Myanmar, y compris les Rohingyas. Les députés souhaitent également que l'UE instaure des sanctions ciblées supplémentaires contre l'armée birmane et ses intérêts commerciaux. Tout engagement avec le Myanmar, y compris par des entreprises privées, doit faire l'objet de procédures renforcées de diligence raisonnable en matière de droits humains afin de protéger et de garantir les droits des travailleurs.

La résolution a été adoptée par 454 voix pour, 5 contre et 39 abstentions.