Zeina MINA, Directrice du Comité international des Jeux de la Francophonie, invitée du Press Club de France

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 12/06/2023 09:00:00



Zeina MINA à la conférence de presse d'ouverture des JEUX

Le Press Club de France a accueilli Zeina MINA, Directrice du Comité International des Jeux de la Francophonie.

Zeina Mina nous parle des prochains Jeux de la Francophonie qui se déroulent à Kinshasa du 28 juillet au 6 août 2023, qu'elle a préparé avec des équipes basées à Paris et dans la capitale de la RDC .

Elle évoque d'une part les défis, les opportunités pour les compétiteurs et le rayonnement de cet évènement pour le sport et la culture francophones.


Tout d'abord Zeina, pouvez-vous nous dire quelques mots à votre propos ?

Je suis Libanaise et sportive à l'origine, athlète précisément. J'ai un long parcours sportif international, ayant représenté le Liban aux Jeux Olympiques de Los Angeles, et à d'autres grands rendez-vous tels que les Championnats du monde universitaires, les Jeux Panarabes, les Championnats du monde d'athlétisme avec plusieurs records nationaux enregistrés. J'ai eu une trajectoire professionnelle marquée par divers emplois, tels que entraineur, enseignante, dirigeante, conseillère du ministre des sports , Doyenne de faculté. tout en étant titulaire d'un doctorat en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives.

Comment s'est construite votre relation avec la Francophonie ?

Avec la Francophonie, ce sont des relations naturelles qui se sont mises en place, lorsque les 6 ièmes Jeux de la Francophonie ont eu lieu à Beyrouth, il m'a été confié la charge de l'organisation des compétitions sportives. Cette expérience m'a conduite à soutenir une thèse en 2015 à l'Université de Lyon 1intitulée « Les Jeux de la Francophonie de Beyrouth (2009), analyseurs du système sportif libanais ». J'ai également été experte au comité international des Jeux de la Francophonie à Nice en 2013 et à Abidjan en 2017 et en 2019 j'ai été nommée Directrice du Comité International des Jeux de la Francophonie.

Connaissant la mécanique des Jeux de la Francophonie, quelles ont été vos priorités en vue des Jeux de Kinshasa ?

J'ai voulu et c'est un défi rendre les Jeux de la Francophonie plus visibles, notamment en développant une communication digitale de l'évènement adaptée à la consommation de l'information sur les réseaux sociaux. Mais aussi offrir des jeux de qualité, organisé en toute transparence avec les Etats et Gouvernements membres de la Francophonie.

Nous avons révisé les cahiers des charges et intégré dans notre conseil d'orientation des représentants des fédérations internationales , des représentants des sportifs , des artistes et des institutions culturelles, afin de faciliter les décisions techniques.


Si Vous évoquez la présence d'artistes, c'est que les Jeux de la Francophonie ont la particularité d'organiser tous les 4 ans, en même temps des épreuves sportives et des concours culturels. Quel est le sens de cette double vocation ?

Les Jeux de la Francophonie depuis leur première édition en 1989 ont maintenu une double tradition. Aujourd'hui, après une période d'interrogation, à l'issue de travaux d'experts, d'intellectuels, d'universitaires, l'organisation internationale de la Francophonie a décidé de maintenir ce double format avec un format plus simple permettant au pays l'adjonction d'ailleurs de nouvelles épreuves culturelles ou sportives.

Kinshasa succède à Abidjan en 2017 comme ville hôte des Jeux de la Francophonie. Quel est le sens de leur maintien en Afrique ?

L'attachement au sport de haut niveau comme dans les autres parties du monde.

Je voudrai préciser à nos lecteurs que la République Démocratique du Congo s'est portée candidate en 2019 pour être le pays hôte après Abidjan, qu'elle s'est engagée à organiser des Jeux conformes aux normes internationales. Les experts qui ont été sur place pour la validation technique de la candidature ont pu constater l'existence d'infrastructures culturelles de très grande qualité, de terrains d'athlétisme, d'un stade de grande capacité de 80.000 places - le stade des martyrs. L'attribution à la RDC a permis de créer de nouveaux équipements, comme par exemple le Centre National du Judo avec l'aide du japon, 3 salles aux normes internationales de Basket Ball, mais aussi d'adapter les équipements sportifs de la capitale. Et il y a, il faut le souligner, l'implication des autorités du pays et une volonté politique constante.

A ce jour combien de pays iront à Kinshasa ?


40 pays sont en phase d'inscription, et nous avons une liste quantitative de 4500 sportifs et artistes. Nous sommes dans une configuration de JO d'hiver en termes de nombre de compétiteurs. Et nous observons comme par le passé à la fois, chez tous les participants une adhésion à ce brassage culturel, pour les uns un appel de l'Afrique, et pour les autres, une expérience internationale significative.




Au Press Club

Quelle évolution des Jeux de la Francophonie depuis les Jeux d'Abidjan ?

Nous nous sommes inscrits dans une continuité, en raison du retrait du Nouveau Brunswick en 2019 et de la pandémie qui a conduit à une réorganisation des grands rendez-vous. Les JO de Tokyo ont aussi été décalés.
Nous restons également dans la même configuration, du point de vue du nombre d'Etats, d'athlètes ou du nombre d'épreuves et de leur catégorie tant en ce qui concerne les disciplines individuelles (lutte libre et africaine, judo, tennis de table, athlétisme, handisport (athlétisme), cyclisme sur route) que collectives ( Football, Basket féminin)

Cependant, le pays hôte a intégré un nouveau sport d'équipes propre à l'Afrique, le Nzango, qui associe tant la chanson que la danse, et en vogue dans cette partie ouest du continent africain.
Dans le domaine de la culture. Nous avons les arts visuels (peinture, photographie, sculpture), les arts de la scène (chanson et danse de création), la littérature, conte et conteurs, et les arts de la rue tels que, la jonglerie, les marionnettes géantes, le hiphop et la création numérique.


Les Jeux de la Francophonie sont considérés par les délégations nationales tant comme un vecteur de performance qu'un tremplin pour les athlètes et également pour les artistes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Si l'on veut illustrer la performance des Jeux - qui est d'abord celle des athlètes - à mon avis les Jeux sont une étape dans le parcours des sportifs et des artistes offrant une expérience enrichissante et captivante. ils constituent une synergie fascinante entre le monde du sport et celui des arts apportant une diversité culturelle remarquable et un aspect profondément humain .
Nous cherchons à attirer les Jeunes élites et voulons le faire plus encore grâce nos programmes d'accompagnement des lauréats. En les intensifiant, en les rendant plus rigoureux et plus accessibles.

Il y a un système de qualification propre aux Jeux qui tient compte de la diversité des participants, les rendant plus accessibles que les grands rendez-vous internationaux , permettant une plus grande participation des Etats et Gouvernements.

Quel est le rôle des fédérations internationales au sein des Jeux ?

J'ai le souci de la performance et les fédérations sont indissociables des Jeux.
Elles sont même omniprésentes et nous avons des accords avec elles dans chaque discipline. C'est par leur intermédiaire qu'est effectuée, la nomination des délégués techniques et des arbitres internationaux. Toutes les compétitions ont été homologuées avec des équipements aux standards internationaux par les fédérations internationales.
De plus, nous contribuons avec les fédérations à la mise en place de formations de haut niveaux pour les arbitres nationaux de la RDC. Les fédérations nationales ont également gagné de nouveaux acquis dans le domaine de l'organisation, des politiques RH et de l'administration.
C'est un grand bénéfice pour les politiques publiques du sport en RDC.
A Kinshasa, nous aurons de très belles compétitions avec de beaux équipements. Et pour les athlètes et les artistes, c'est un grand rendez-vous du sport et de la culture, sur 10 jours dans une ambiance inoubliable de village francophone.

Entretien avec Jean François Puech
Membre du Press Club - directeur de la rédaction de NEWS Press



Au Club