Rattrapée par des polémiques, la présidente de l'Université Harvard démissionne

Radio-Canada - 11/01/2024 13:20:00





La présidente de la prestigieuse Université Harvard, Claudine Gay, a présenté sa démission mardi, sur fond de critiques de ses propos jugés ambigus sur des questions liées à l'antisémitisme sur le campus et d'accusations de plagiat.

C'est avec le coeur lourd, mais avec un profond amour pour Harvard, que j'écris pour annoncer que je quitterai mon poste de présidente, a écrit Mme Gay dans une lettre adressée à la communauté de Harvard.

Son mandat aura été le plus court de l'histoire de l'université depuis sa fondation en 1636, indique le New York Times, qui rappelle que Mme Gay a été la première présidente issue de la communauté afro-américaine et la deuxième femme à diriger l'institution.

Dans sa lettre publiée sur le site de l'université, elle évoque avoir subi des menaces et du racisme.


Il a été compliqué de voir le doute planer quant à mes engagements à faire face à la haine et à respecter la rigueur académique [...] et effrayant de faire l'objet d'attaques personnelles et de menaces alimentées par du racisme, écrit-elle.


Claudine Gay, 53 ans, née à New York dans une famille d'immigrants haïtiens, avait pourtant reçu le soutien du conseil d'administration de l'université le 12 décembre dernier. La plus haute instance de Harvard avait exprimé sa confiance dans le fait que la présidente Gay est la bonne dirigeante pour aider notre communauté [universitaire] à traiter des très graves questions sociétales auxquelles nous sommes confrontés.

Une pétition de près de 700 professeurs s'opposait d'ailleurs aux appels et aux pressions politiques visant à obtenir la démission de Claudine Gay, accusée d'avoir mal géré des problèmes d'antisémitisme sur le campus.

Depuis l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux États-Unis, dont Harvard.

Le 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l'Université de Pennsylvanie (UPenn) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, ont répondu cinq heures durant aux questions d'élus de la Chambre des représentants.

Parmi eux, la républicaine Elise Stefanik, qui assimilait les appels à l'intifada d'étudiants pro-palestiniens à une exhortation au génocide contre les juifs en Israël et dans le monde.

Lorsque Mme Stefanik avait demandé si appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non, Mme Gay avait répondu : Cela peut, en fonction du contexte, avant d'ajouter : Si c'est dirigé contre une personne.

Quelques jours après la polémique provoquée par ces propos, Elizabeth Magill a quitté ses fonctions de présidente de UPenn, et 70 élus, surtout républicains, ont réclamé le départ de Mme Gay.

Plus récemment, Mme Gay a été accusé de plusieurs cas de plagiat dans les médias américains. Une enquête du conseil d'administration de Harvard a toutefois conclu que Mme Gay n'avait pas violé les règles de l'Université.