Réforme et programmes du collège : une copie illisible et dangereuse !

SOS Education - 21/05/2015 15:00:00


SOS Éducation appelle ses 60 000 membres et 200 000 sympathisants à se joindre à la mobilisation du 19 mai

SOS Éducation, association d'intérêt général qui milite depuis 2001 pour une meilleure réussite scolaire des élèves, est consternée par la réforme du collège proposée par madame Najat Vallaud-Belkacem, et par les projets de programmes qui lui sont assortis. En effet, l'horizon éducatif républicain semble désormais se résumer au nivellement par le bas et à la promotion d'un pédagogisme idéologique et jargonnant. La suppression des classes européennes et l'étouffement du latin et du grec manifestent le renoncement ministériel en matière de compréhension des langues et du français. Il est improbable que l'on parvienne sur ces bases à l'épanouissement et à l'autonomie de pensée des collégiens.

Le refus par principe des méthodes éprouvées débouche sur les « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI), cette vieille lune pédagogiste ressortie à chaque réforme depuis 40 ans. Les premières victimes en seront les élèves les moins favorisés, justement ceux qui ont besoin de repères et de cadres d'apprentissage stables. En matière éducative, la volonté de faire table rase du passé est un non-sens, l'enseignement étant par nature la transmission des savoirs des générations précédentes.

La fabrique de cerveaux vides n'est pas un progrès : SOS Éducation dénonce avec fermeté des programmes qui occultent le terme même de « grammaire », qui ne mentionnent pas le moindre auteur en littérature, et qui escamotent la plus grande partie de l'histoire de notre pays pour ne mettre l'accent que sur certains thèmes chers aux lobbies proches du gouvernement. SOS Éducation rappelle que la culpabilisation mémorielle et la fumisterie bien-pensante ne sauraient être l'alpha et l'oméga d'un programme d'histoire-géographie. Il est très surprenant, pour ne prendre que cet exemple, que des élèves de 5ème soient obligatoirement formés à l'histoire de l'Islam, quand l'histoire occidentale des « sociétés encadrées par l'Église » est signalée comme facultative...

La novlangue pédagogiste, ou le « jargon » comme le concède lui-même Michel Lussault, président du Conseil Supérieur des Programmes (CSP), complique de surcroît considérablement la lecture de ces programmes. Il est paradoxal que tous ces experts de l'apprentissage manquent autant de clarté d'expression, et s'ingénient à présenter les notions les plus simples de la façon la plus confuse. Pourquoi dire « se déplacer dans un milieu aquatique standardisé » au lieu de « nager en piscine » ? Ou encore « étayage entre pairs » au lieu de « débat » ? L'une des premières exigences d'une école démocratique serait de rendre ses programmes lisibles et compréhensibles par tous ; on en est bien loin...

C'est pourquoi SOS Éducation appelle ses membres et sympathisants, parents d'élèves et professeurs, à se mobiliser et à se joindre aux manifestations organisées le 19 mai, contre la réforme du collège et ces nouveaux programmes qui n'aideront pas les collégiens dans leurs apprentissages, mais créeront de nouvelles disparités sociales et appauvriront encore un peu plus la culture commune.

SOS Éducation appelle de ses voeux une réforme du collège courageuse qui produirait de la réussite scolaire en renforçant les horaires de français, de mathématiques et d'histoire, en diversifiant l'offre éducative grâce à l'autonomie accordée aux établissements, et en assouplissant les parcours des élèves en fonction de leurs besoins et de leurs intérêts.