Enquête sur les « Fractures françaises » : Une France un peu moins crispée

Ipsos - 03/06/2015 12:10:00


Brice Teinturier, Directeur Général Délégué d'Ipsos France, revient sur les récents résultats de l'enquête « Fractures françaises » réalisée par Ipsos / Sopra Steria pour Le Monde, La Fondation Jean Jaurès et Sciences Po. Une 3ème édition de cette étude annuelle qui multiplie les coups de projecteur pour restituer une vision aussi fidèle et synthétique que possible du visage de la France en 2015. Résumé en 5 enseignements clés.
« Des tendances lourdes qui sont toujours là : pessimisme, défiance et fermeture, demande de protection, individualisme... »

Quels que soient les indicateurs considérés, la 3ème édition des Fractures françaises dessine toujours le paysage d'une société française empreinte de défiance à l'égard des autres et de pessimisme quant à l'avenir. Que vise en effet à comprendre ce dispositif d'étude ? Globalement, la relation qu'entretient la société française avec l'altérité. L'altérité, ce peut être ce qui nous englobe et nous dépasse - L'Europe, la mondialisation - mais aussi, l'autre, celui qu'on rencontre et qu'on ne connaît pas, ou encore les étrangers, ou encore, ceux qui pratiquent une religion différente, etc. De ce point de vue, les tendances majeures au repli et à la défiance sont confirmées : le sentiment d'une France qui décline reste massif (79%) ; la France est toujours perçue par 60% des Français comme devant se protéger davantage que s'ouvrir. 79% de nos concitoyens estiment qu'on « est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres » contre 21% seulement qui pensent qu'on « peut faire confiance à la plupart des gens ». 67% qu'il y a trop d'étrangers en France, 56% que les immigrés ne font pas assez d'effort pour s'intégrer et 61% « qu'on ne sent plus chez soi comme avant ».

« ... mais le climat malgré tout se dégèle légèrement. »

Toutefois, et c'est suffisamment rare pour être souligné, le climat se modifie légèrement et tend à se colorer de manière un peu plus positive, notamment sur les indicateurs économiques. Par exemple, les indicateurs de confiance à l'égard de la mondialisation remontent de 5 points. Ceux qui concernent les grandes entreprises de 7 points, l'Union Européenne de 4 points. Le souhait de rester dans la zone euro progresse de 8 points, les partisans d'un retour au franc n'étant plus « que » 25%. Ou encore, 53% des Français (+ 3 points) se disent maintenant que pour relancer la croissance, il faut limiter au maximum le rôle de l'Etat dans l'économie française et donner aux entreprises le plus de liberté possible. Tout se passe donc comme si les Français anticipaient une légère embellie et exprimaient une demande de protection un petit peu moins marquée.

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