Synode : une "parole d'espérance" dans un contexte "très difficile", selon le cardinal Vingt-Trois

Diocèse de Paris - 28/10/2015 17:55:00


Les évêques ont su s'écouter, après une "méfiance" initiale, pour adresser une parole commune d'"encouragement" aux familles dans un contexte très difficile, a expliqué samedi à l'AFP le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et l'un des vice-présidents du synode sur la famille.

QUESTION : l'opinion peut avoir l'impression que le pape a convoqué deux synodes en 2014 et 2015 sur la famille pour peu de résultats. Comment évaluez-vous l'ambiance et la portée du synode qui s'achève ? Et que fera le pape ?

REPONSE : il y avait une certaine méfiance a priori d'évêques d'Afrique, d'Asie ou du Moyen-Orient, pour qui les pays occidentaux sont responsables de ce qui ne va pas dans la famille à cause de leurs moeurs dissolues. Heureusement, les choses ont pu s'éclaircir dans les groupes linguistiques. Ils ont noué un rapport personnel et ont compris qu'ils étaient entendus et écoutés.

Le message principal est un encouragement pour les familles qui essaient de vivre dans des conditions économiques et sociales très rudes. C'est aussi un message d'espérance pour beaucoup de jeunes qui hésitent à entrer dans le mariage. Les médias occidentaux seront déçus, forcément, ils se sont faits des fantasmes. L'opinion des fidèles sera très diverse : il y a ceux qui seront modelés par les médias, d'autres qui seront provoqués à réfléchir.

Le pape fera ce qu'il veut. Il peut dire : je trouve votre texte très bien, je n'ai plus rien à dire et je le signe. Ou dire : tout cela demande réflexion. Ou encore : il y a des points que vous avez soulevés et qui n'ont pas été suffisamment travaillés, et je vais nommer des commissions pour les travailler".

Q : y a-t-il une évolution du synode sur la question très délicate de l'accès à la communion pour les divorcés remariés ?

R : le synode appelle à accueillir les personnes et à les accompagner. Dans la question de l'accueil des divorcés remariés, on se place sur le terrain de l'entretien personnel, ce qu'on appelle le for interne : une relation couverte par le secret et qui existe depuis toujours. Cela suppose de former des gens capables d'accueillir, de parler, de faire parler, d'écouter et de détecter jusqu'à quel point il y a un chemin qui est en train de se construire.

On ne peut fixer le terme de l'accompagnement avant que le chemin n'ait commencé. Si des gens viennent nous voir dans un esprit de conversion de vie, d'engagement régulier dans l'Eglise, de participation régulière à l'eucharistie du dimanche, cela pose la question de la participation aux sacrements. Si je rencontre quelqu'un qui vient seulement me demander que je l'approuve, ce n'est pas une participation aux sacrements.

Q : de la pseudo-tumeur de François à la lettre critique de cardinaux conservateurs, on a eu l'impression de manoeuvres contre le pape en plein synode ?

R : à Rome, la règle absolue est que, quand le pape dit quelque chose, on le fait. Ensuite, on pense ce que l'on veut, il peut y avoir des doutes et des questionnements. Personnellement, je trouve un peu étrange que des cardinaux réunis autour du pape, qui le voient tous les jours, qui sont des collaborateurs habituels, aient besoin d'une lettre clandestine pour lui exprimer leurs points de vue. Quand j'ai quelque chose à lui dire pendant le synode, je m'arrange pour le lui dire. Je ne lui écris pas une lettre que je fais porter par un facteur".

Source Afp - propos recueillis par Jean-Louis DE LA VAISSIERE