Présidentielle au GABON :Communications de dirigeants parlementaires européens et de la mission d'observation européenne

Jean Ping 2016 - 01/09/2016 17:30:00


Le Président Ali Bongo est annoncé vainqueur des élections présidentielles au Gabon, devançant de quelques voix le candidat de l'opposition Jean Ping.

Cette proclamation fait suite à plusieurs jours de tension au lendemain d'élections jugées peu transparentes et ayant lieu dans un contexte politique difficile.

Le Parlement Européen a été invité à observer ces élections au sein de la Mission d'Observation de l'Union Européenne.

Jo Leinen, Chef de la Délégation du Parlement Européen :

Le résultat des élections présidentielles au Gabon est très peu crédible. Dans la plupart des bureaux de vote observés dans le cadre de notre mission, le Président sortant Ali Bongo n'a pu recueillir qu'une minorité des voix.

Le manque de transparence de la centralisation des votes crée de gros doutes sur l'acceptation du résultat final communiqué par la CENAP. Nous demandons donc urgemment à la commission électorale de publier les résultats de chaque bureau de vote.

Sans confiance en la transparence du processus électoral, la division du peuple gabonais ne pourra que s'intensifier.


Cécile Kyenge, Vice-Présidente de l'Assemblée Parlementaire ACP-UE :

Il est dommageable que l'intégrité du vote du peuple gabonais ne soit pas garantie, surtout au vu de l'engouement des citoyens lors de ces élections.

Un vrai dialogue politique, qui doit aussi inclure les femmes, grandes absentes de ce processus électoral, afin de regagner la confiance du peuple gabonais ne peut débuter dans de telles circonstances.

Déclaration de la Mission européenne Les Gabonais ont exercé leur droit de citoyens, dans un processus dont la gestion a manqué de transparence et dans un contexte politique tendu
Le Chef observateur et député du Parlement européen, Mariya Gabriel, a présenté la Déclaration préliminaire de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne lors d'une conférence de presse aujourd'hui à Libreville.

« Je remercie les autorités pour avoir invité l'UE à observer. La mission a globalement eu accès aux opérations de vote le jour du scrutin. Ainsi, elle a visité 260 bureaux de vote. »

« Je félicite les électeurs gabonais, qui ont exprimé leur volonté démocratique dans un processus dont la gestion a manqué de transparence. Ils ont fait preuve de patience permettant le déroulement du scrutin dans le calme, malgré des retards d'ouverture des bureaux de vote » elle a déclaré. Les insuffisances les plus importantes observées sont : l'absence des listes électorales affichées devant les bureaux de vote, des défaillances au niveau du contrôle de l'encre indélébile, l'authentification des bulletins de vote et l'usage de scellés des urnes qui étaient dépourvus de numéros d'identification.

« J'encourage les autorités gabonaises à continuer la consolidation des résultats dans la transparence et d'adopter, conformément aux bonnes pratiques internationales en matière d'élections, la publication des résultats par bureau de vote pour assurer la confiance dans l'intégrité des résultats finaux et garantir qu'ils reflètent la volonté populaire qui est à la base de chaque processus démocratique. »

La Mission a constaté que le processus électoral s'est déroulé dans un contexte où l'ensemble des candidats de l'opposition et une partie de la société civile exprime un manque de confiance dans l'impartialité des trois organes responsables pour l'administration des élections, à savoir le Ministère de l'Intérieur, la Cour Constitutionnelle et la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP).

La Mission regrette la marginalisation de la CENAP, où siègent des mandataires de tous les candidats. De plus, la Mission déplore le manque de transparence des organes de gestions des élections omettant de mettre à la disposition des parties prenante des informations essentielles tel que la liste électorale et la liste des centres de vote.

Avant le début officiel de la campagne, la Mission a observé une confusion entre les activités de campagne et les fonctions officielles du candidat de la majorité qui a profité d'une très large couverture médiatique. Pendant la campagne officielle, l'accès aux médias a été fortement déséquilibré en faveur du Président sortant.

Jo Leinen, président de la délégation du Parlement européen qui a intégré la Mission pour ce scrutin, a ajouté que : « Face au niveau de défiance et division qui ont marqué cette campagne, il est urgent de mettre en place les bases d'un vrai dialogue politique dans l'intérêt de l'ensemble du peuple gabonais. »

Un rapport final incluant des recommandations portant sur comment améliorer de futurs processus électoraux sera publié environ deux mois après la fin du processus.