« L'Europe mérite que l'on s'occupe d'elle »

République Fédérale d'Allemagne - CIDAL - 16/03/2017 14:15:00


Quel doit être le visage de l'Europe de demain ? Quelles sont les préoccupations des Allemands au sujet de l'Europe ? Quels sont pour eux les opportunités et les risques de l'Union européenne ? Vendredi dernier (10 mars), 130 participants à « l'atelier citoyen sur la politique étrangère » ont pu aborder ces questions dans une discussion directe avec le ministre fédéral des Affaires étrangères Sigmar Gabriel.

Dialogue avec Sigmar Gabriel

« L'Europe est un havre de liberté et de démocratie unique au monde », a souligné M. Gabriel, en ajoutant que la coopération européenne constitue le plus grand projet de civilisation du xxe siècle et a permis de mettre fin aux inimités et aux conflits en Europe. « Elle mérite que l'on s'occupe d'elle. »

C'est pourquoi le ministre a engagé un dialogue direct avec les citoyens : dans le cadre d'un atelier citoyen sur la politique étrangère, il a abordé le sujet de l'avenir de l'Europe avec 130 participants âgés de 17 à 77 ans. Les derniers avaient dans un premier temps l'occasion de poser leurs questions à M. Gabriel. Ensuite, ils ont évoqué en petits groupes les valeurs européennes, le rôle de l'Europe dans le monde, celui de l'Allemagne dans l'Union européenne ainsi que les identités européennes et nationales.

Cet atelier citoyen sur la politique étrangère s'inscrit dans le cadre du cycle de débats intitulé « Quelle Europe voulons-nous ? ». En amont du 60e anniversaire des traités de Rome, des représentants du ministère fédéral des Affaires étrangères participent depuis le mois d'octobre dernier à des discussions publiques organisées partout en Allemagne avec des citoyens intéressés pour évoquer les positions de la politique étrangère allemande et l'avenir de l'Union européenne.

Où est l'enthousiasme européen ?

Dans sa jeunesse, s'est rappelé M. Gabriel, l'idée d'une Europe unie enthousiasmait les populations. En effet, après les expériences et les ressentiments des années d'après-guerre, une alternative émergeait, un nouveau projet : celui d'une cohabitation pacifique en Europe. On passait ses vacances d'été dans les pays voisins, on nouait des amitiés par-delà les frontières.

De nos jours, a-t-il continué, il a l'impression que cette signification fondamentale du projet européen a sombré dans l'oubli. Ce qui était révolutionnaire à l'époque semble aujourd'hui acquis et chaque pays mène désormais son propre récit sur l'Europe, avec des préjudices bien durcis. Ainsi, l'Allemagne se considère comme un contributeur net qui investit beaucoup dans les institutions européennes sans en tirer de bénéfices, tandis que les pays du sud de l'Europe se plaignent des mesures d'austérité.

Il nous faut parler d'une seule voix européenne

C'est une crise que nous devons surmonter, a déclaré le ministre avant de constater que « l'Europe est un havre de liberté et de démocratie unique au monde ». D'ailleurs, le monde est en train de changer, a-t-il poursuivi ensuite. En effet, tandis que l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine connaissent une forte croissance démographique, la population européenne en revanche est en déclin. L'Europe doit donc se positionner face aux pays d'influence comme la Russie, la Chine et les États-Unis. « Il faut que l'Europe parle d'une seule voix si nous voulons que nos enfants et nos petits-enfants puissent se faire entendre dans le monde », a souligné Sigmar Gabriel. À l'avenir, même un grand pays comme l'Allemagne ne sera visible que s'il fait partie d'une Union européenne forte.

Il est donc nécessaire d'oeuvrer pour cette union, a-t-il déclaré. Et de rappeler que les deux promesses centrales de l'Union européenne sont la paix et la prospérité, la paix étant assurée, du moins en Europe occidentale. Au cours des années à venir, il s'agira donc de répondre à la question de la prospérité, notamment en Europe méridionale.