A quelques jours du sommet de Rome, les maires de grandes villes - EUROCITES - en lutte contre le populisme

CER Comité Européen des Régions - 17/03/2017 16:40:00

Mardi 7 mars, EUROCITES a tenu un « Sommet des maires sur le futur de l'Europe » au Comité européen des Régions pour débattre de l'inquiétante montée du populisme et de l'euroscepticisme. Ce sommet a rassemblé 17 maires et 17 adjoints provenant de toute l'Europe, ainsi que des représentants des institutions Européennes, dont 2 vice-présidents de commissions : Frans Timmermans (AN) et Jyrki Katainen (FI), ainsi que la commissaire Corina Cretu (RO), et le Vice-Premier ministre de Malte : Louis Grech. Le sommet s'est appuyé sur les lignes mises en avant par la lettre ouverte aux dirigeants européens publiée en novembre 2016. En effet dans ce contexte, le réseau EUROCITES est convaincu d'être un recours contre les forces politiques populistes de plus en plus nombreuses qui accaparent ces problématiques. Il n'est jamais inutile de rappeler l'avantage de la proximité qu'ont les maires avec les citoyens pour les convaincre de la pertinence de l'Union Européenne. À l'issue de cette rencontre, un certain nombre de propositions ont été mises en avant pour apporter des solutions concrètes aux difficultés économiques et sociales d'Europe.



Daniel Termont, maire de Gand et président d'EUROCITES a appelé ses collègues à la mobilisation et a déclaré par ailleurs : « Alors que les dirigeants européens vont bientôt célébrer le 60ème anniversaire du traité de Rome, l'Europe se trouve à un tournant de son histoire. Profitons de cet évènement pour réaffirmer notre engagement aux valeurs fondamentales de l'Europe : le respect, la démocratie, la liberté et l'égalité. Faisons cela pour les européens. En travaillant avec les villes, les institutions européennes peuvent développer de nouveaux moyens d'engager les citoyens et s'inspirer par leur expérience du terrain ».


Parmi les contributions essentielles, il faut ensuite noter celle de Karin Wanngård, vice-présidente d'EUROCITES et maire de Stockholm. Tout d'abord, la crise de confiance envers les institutions est beaucoup plus ancrée au sein de l'opinion publique, inquiète pour l'avenir de ses enfants. Ce nationalisme provient des inégalités sociaux-économiques grandissantes dans une économie mondialisée avec la perception de dirigeants politiques qui ne représenteraient pas les intérêts des citoyens européens. En toile de fond, le Brexit est un véritable défi pour la construction européenne. Ainsi les « opting in » n'ont pas pu s'exprimer alors que le Royaume-Uni bénéficie amplement de la construction européenne, de la liberté de circulation des personnes et des biens. Ce sont malheureusement des préoccupations intérieures qui ont prévalu avec le résultat que l'on connait.

Les propos échangés étaient d'une gravité palpable qui se lisait sur le visage des élus présents. Dans chacune de leurs collectivités ils font face à la montée du populisme. Ils éprouvent aussi le besoin d'un engagement plus résolu des institutions européennes qu'ils jugent parfois trop éloigné, ou insuffisamment réactif.

En réponse à ces problématiques, EUROCITIES a retenu 3 mesures pour endiguer le scepticisme ambiant et pour relancer le mouvement européen.
- Les maires doivent continuer à s'engager eux-mêmes personnellement pour une meilleure Europe plus proche des citoyens.
Dans chaque Etat membre, beaucoup de réseaux de villes en sont la manifestation. Par ailleurs, les villes sont toujours en 1ère ligne et s'investissent quotidiennement pour le développement économique, la réduction des inégalités, la préservation de l'environnement. Les EUROCITES ont affirmé qu'elles s'engageraient davantage encore dans la construction d'une Europe qui doit être proche du citoyen.
- Une Europe plus forte qui doit commencer par le service aux citoyens. Les institutions de quelque niveau, qu'elles soient européennes, administrations centrales des États ou des institutions locales, doivent faire confiance aux citoyens européens dont les initiatives sont innombrables pour construire au quotidien ce qui fait les valeurs de l'Union. C'est par ces multiples contributions, par cette relation de confiance et cette collaboration entre les citoyens et les dirigeants des structures publiques que la démocratie locale se construit : il s'agit d'une coopération au sens propre du terme.
- Travailler en étroite collaboration avec les villes.
Il n'y a pas de démocratie sans collaboration effective entre les niveaux de gouvernance. C'est une lapalissade, néanmoins, les structures de décision, villes, États, Union, doivent encore faire des progrès sur cette question. Dans cette action concertée, l'expérience des maires des grandes métropoles est un atout pour faire remonter vers les dirigeants nationaux et européens les véritables expériences qui marchent et qui peuvent être traduites dans un cadre législatif plus pertinent. A Braga (Portugal) par exemple, les citoyens participent à des forums ouverts, pendant lesquels sont présentés des projets d'ampleurs soutenus par l'UE, et ce, pour les habitants de la métropole. Paris a un processus de budget participatif, permettant aux citoyens de voter pour des projets. La ville de Rotterdam a mis au point des procédures de co-création d'initiatives avec les citoyens, par exemple dans le domaine de la sécurité des quartiers. Stockholm utilise une application depuis deux ans qui permet aux citoyens de soumettre des questions, des idées ou des requêtes relatives à l'environnement ou à la circulation.

S'exprimant au nom de ses collègues, Karin Wanngard a souhaité que le rôle des collectivités locales soit inscrit dans la déclaration du sommet de Rome qui le 25 mars 2017 marquera le 60ème anniversaire du traité instituant la Communauté Économique Européenne. Les membres d'EUROCITES avaient aussi à l'esprit les élections aux Pays-Bas, véritable test grandeur nature de la perception de l'UE. Avec l'espoir que le verdict des urnes soit positif pour les partis « pro-européens ».


Crise des migrants : un exemple majeur du rôle des villes

Au-delà du sommet des villes, le rôle des élus de proximité dans la gestion des migrants a été primé par le « City Mayor Foundation » et fait l'objet d'un travail de fond du Comité européen des Régions.

Le rôle des maires comme acteurs de la citoyenneté a ainsi été rappelé par le « City Mayor Foundation » qui depuis 2004 décerne chaque année le titre de « World Mayor » à l'élu municipal le plus remarquable pour son action en faveur du bien public.

Ainsi le titre 2016 a été décerné au maire de Malines (Mechelen, Belgique), Bart Somers, par ailleurs membre du Comité Européen des Régions, pour son action entreprise au profit d'une population de 86 000 h et qui recense 128 nationalités. Bart Somers a été l'un des premiers à anticiper la crise des migrants venant d'Orient et d'Afrique en choisissant une politique d'intégration basée sur l'égalité des chances, la lutte contre les discriminations et la liberté d'expression. En effet, le maire de cette commune de la région d'Anvers entend démontrer que, face à une des questions particulièrement controversée au sein de l'opinion publique, les actions des municipalités confortent l'État de droit et la démocratie.
http://www.worldmayor.com/

Le Comité européen des régions s'est également emparé de cette question essentielle pour la cohésion de l'UE au cours de sa session de février 2017 afin de faire remonter vers les dirigeants européens les propositions des élus locaux et régionaux. Le Comité souhaite une adaptation du cadre législatif et européen. L'efficacité des décisions normatives de l'Union européenne a de fait un impact direct sur leur application sur le terrain. Cela démontre, si l'en était encore besoin, combien la co-création est essentielle à la construction d'une Europe qui, rappelons-le, est au service de ses citoyens.

Au-delà du cadre européen, les élus du Comité des régions se sont réunis à Malte en session dans le cadre de l'ARLEM (Assemblée Régionale et Locale Euro-Méditerranéenne) le 22 février dernier. À cette occasion ils ont pu travailler en commun avec leurs homologues du pourtour méditerranéen pour trouver des solutions dans les pays de départ des migrants. Ils ont fait un point de situation sur la question des migrants en provenance de Lybie, une des nouvelles routes migratoires majeures vers l'Europe. Les élus ont notamment entendu les témoignages de Othman Belbeisi, représentant de l'Office Internationale des Migrations en Lybie et d'Abdelrauf Beitelmal, maire de Tripoli. Du côté des élus européens le maire de Catane, Vincenzo Bianco, a fait part des urgences et des difficultés de tous ordres auxquelles sa ville doit faire face, et Peter Bossman, qui s'est investi sur le traité de partenariat migratoire entre l'Union Européenne et 16 pays non membres de l'UE (Afrique, Moyen-Orient, Maghreb), ont informé l'ensemble des élus sur les accords entre l'Union Européenne et ces pays.

La question des migrants est incontestablement du ressord des Etats dans le cadre de traités multilatéraux (cf UE-Turquie) ou d'accords bilatéraux.
Ce principe n'a pas été contesté, mais dans le règlement de cette crise, les élus considèrent que le point de vue des collectivités, même s'il est reconnu pour la première fois par les Etats lors d'un sommet informel de Malte n'est pas ou peu, pris en considération. Les villes font partie de la solution et pour les participants, il convient de mettre en place une véritable "diplomatie des villes" à l'instar de la diplomatie parlementaire si souvent utilisée comme instance de dialogue formel et informel de la vie publique internationale.
Les collectivités locales des deux rives de la Méditerranée ont un rôle à jouer sur la question des migrants. Ce sont elles qui sont les premières "institutions" concernées. Pour ce qui concerne, les villes de l'Union elles veulent aussi être associées à la définition des règles apportées à un niveau supranational par l'UE. Ne serait ce pas un simple "parallélisme des formes "?
En résumé, il importe que les gouvernements nationaux et les institutions de l'UE (Commission, Conseil Parlement) les associent au règlement d'une des problématiques les plus importantes au moment même où l'union célèbre le 60ème anniversaire du traité de Rome.

Plus d'infos EUROCITES :

EUROCITES a été fondée en 1986 par 6 grandes villes européennes (Barcelone, Birmingham, Frankfort, Lyon, Milan et Rotterdam). Avec le rôle bien défini : renforcer la gouvernance des grandes villes et contribuer de façon majeure à l'avenir de l'Europe. De ce fait EUROCITES, depuis sa création est un laboratoire d'idées novatrices et un partenaire de confiance des institutions européennes. L'association constitue un « background » du grand fait urbain de l'UE. Comme le Comité européen des régions, elle constitue aussi un « feedback ». Il est de ce fait tout à fait naturel que le Comité européen qui joue un rôle de chambre haute de l'UE ait été associé à cette démarche. Aujourd'hui, EUROCITES regroupe 130 villes membres ainsi que 40 villes partenaires qui représentent 130 millions d'habitants de 35 pays.

Plus d'infos EUROCITES


Plus d'infos City Mayor Foundation

Plus d'infos ARLEM

Raphaël de la Salmonière
Jean François Puech


CER Comité Européen des Régions


Le Comité des régions est la voix des régions et des villes dans l'Union européenne.

350 membres - élus locaux et régionaux des 28 États membres de l'UE.
6 commissions se partagent des compétences dans les domaines politiques suivants, conformément aux traités:
- emploi, formation professionnelle, cohésion économique et sociale, politique sociale, santé;
- éducation et culture;
- environnement, changement climatique, énergie;
- transports et réseaux transeuropéens;
- protection civile et services d'intérêt général.

6 sessions plénières par an.
Plus de 50 avis par an sur la législation de l'UE.
Plus de 40 consultations de parties prenantes par an.
Plus de 300 manifestations par an.



Vasco Alves Cordeiro
Président du Comité européen des régions .


Contact Nathalie Vandelle
Tél. +32 (0)2 282 24 99
nathalie.vandelle@cor.europa.eu


BIOGRAPHIEVasco Alves Cordeiro a été élu président du Comité européen des régions en juin 2022.

Né le 28 mars 1973 aux Açores, région autonome du Portugal et région ultrapériphérique de l’Union européenne, Vasco Alves Cordeiro, avocat, marié et père de deux enfants, est membre de l’Assemblée législative de la région autonome des Açores.

Diplômé en droit de l’université de Coimbra et titulaire d’un diplôme de troisième cycle en droit régional de l’université de Lisbonne et de l’université des Açores, Vasco Alves Cordeiro a commencé sa carrière professionnelle d’avocat aux Açores en 1995, où il a exercé jusqu’en 2003.

En 1996, il a été élu pour la première fois député du parti socialiste à l’Assemblée législative de la région autonome des Açores.
Il a depuis lors occupé plusieurs postes au sein de l’exécutif régional dont notamment celui de secrétaire régional pour les affaires européennes et extérieures, et secrétaire régional à l’agriculture et à la pêche (2003-2004).

En 2012, il a été élu pour la première fois président du gouvernement régional des Açores, fonction à laquelle il a été réélu en 2016 et, à ce titre, il a représenté sa région aux niveaux européen et international en qualité de membre du Comité européen des régions, ainsi que d’organisations promouvant notamment les outremers de l’UE, et l’Assemblée des régions d’Europe.
Membre titulaire du Comité européen des régions depuis 2013 après avoir été suppléant de 2004 à 2008, M. Cordeiro en a été le premier vice-président de février 2020 à juin 2022, avant son élection à sa présidence