"Un siècle de réfugiés dans la Drôme" aux Archives départementales

Conseil Départemental de la Drôme - 23/03/2017 17:30:00


Le nombre de réfugiés et apatrides dans le monde est aujourd'hui à son niveau le plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale. Remontant jusqu'au début du XXe siècle, cette exposition apporte un éclairage historique sur ce phénomène, à l'échelle du territoire drômois.

Ils sont Arméniens, Allemands, Espagnols, ou encore Bosniaques, boat-people ou juifs apatrides... Tous, ils ont vécu le traumatisme de l'exil et cherché refuge hors de leur pays. Du début de la Première Guerre mondiale jusqu'à nos jours, la Drôme a accueilli nombre d'entre eux. Leur histoire est liée à celle des conflits qui traversent le monde, et a contribué à façonner le visage de leur terre d'accueil.

À travers plus de 200 documents d'archives, de photographies, de films et d'objets-témoins, l'exposition présente ainsi des parcours individuels et collectifs amenant à découvrir l'expérience de ces femmes et de ces hommes. Elle met en lumière des inititives locales en faveur des réfugiés, originales et peu connues.

Exposition produite par les Archives départementales de la Drôme et le Centre du Patrimoine Arménien (CPA) Présentée aux Archives départementales de la Drôme
14 rue de la Manutention à Valence - Du lundi au vendredi de 9h à 17h
et les dimanches de 14h à 18h (sauf jours fériés)

Autour de l'expo, en bref :
* Le catalogue de l'exposition (2017, 112 pages) avec des articles inédits
* Une rencontre par mois en écho à l'exposition
* Des visites commentées les 4e dimanches du mois à 15h

Le terme de réfugié s'applique à toute personne qui, « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels évènements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »

Qu'est-ce qu'un réfugié ?
En France, le terme de réfugié apparaît en 1432 : il désigne une personne quittant son pays pour échapper à un danger. Cependant, après la révocation de l'Édit de Nantes (1685), son usage se polarise sur la situation des protestants quittant la France. Le sens premier du mot est réactivé dès les années 1810-1830, pour distinguer des autres étrangers les milliers de Polonais affluant en France après la guerre polono-russe. Ainsi, dès le XIXe siècle, en l'absence d'un statut juridique, il est admis « qu'est considéré comme un réfugié un individu ne bénéficiant plus de la protection de son État et dont l'expulsion vers cet État serait préjudiciable pour sa sécurité ou sa vie ».

Le statut juridique du réfugié se construit lentement entre la Première et la Seconde Guerre mondiale. Au début des années 1920, il se réfère aux populations russes et arméniennes déchues de leur nationalité et relevant du statut mis en place par la Société des nations pour protéger les populations contraintes de quitter leur pays. Les textes n'en donnent toutefois pas de véritable définition : seuls les groupes énumérés sont reconnus comme réfugiés. Dans les années 1930, des textes spécifiques sont adoptés pour protéger les Allemands juifs et non juifs, les Sarrois, les Autrichiens. Il est admis que, certes, tous ne sont pas déchus de leur nationalité, mais de fait, ne bénéficient plus de la protection de leur pays.

Peu à peu, la catégorie « réfugié » inclut les personnes qui n'ont pas encore quitté leur pays mais sont obligées d'émigrer du fait de leurs croyances religieuses ou de leur origine « raciale ». Après la Seconde Guerre mondiale, la définition se réfère aux victimes des régimes nazis et fascistes, ou des régimes ayant pris part à leurs côtés au conflit mondial.

Tandis que les instruments internationaux antérieurs ne s'appliquaient qu'à des groupes
particuliers de réfugiés, la convention de Genève de 1951 et ses protocoles additionnels vont définir le réfugié dans des termes généraux. Au traitement au coup par coup va se substituer un concept de réfugié individualisé et universel applicable à toute situation politique nouvelle.

De nos jours, la convention de 1951 et ses protocoles additionnels demeurent les textes de base en matière d'asile dans le monde et fixent les obligations des pays signataires. Le contenu et la définition du réfugié ont néanmoins évolué : dans les années 1990, la notion de réfugié s'élargit en permettant d'accorder
l'asile pour des craintes de persécutions émanant d'auteurs non étatiques. Dans les années 2000, aux motifs de craintes classiques s'ajoutent les motifs tenant à l'appartenance sexuelle (persécution sur les femmes), ou à l'orientation sexuelle (persécution sur les homosexuels).

Archives départementales de la Drôme