Création en cours : une expérience artistique totale pour les enfants d'une école de Moselle

Audrey Azoulay - Ministère de la Culture et de la Communication - 20/04/2017 13:35:00


Plasticien, photographe, architecte... les jeunes artistes participant au dispositif de résidences artistiques à l'école Création en cours s'expriment avant tout dans leur art mais n'hésitent pas - reflet en cela de l'hybridation à l'oeuvre dans leur propre pratique artistique - à initier les enfants à d'autres disciplines que la leur. La preuve avec Rémi Brachet, jeune réalisateur en résidence dans une école de Moselle, auquel est consacré ce nouveau portrait (5/8).

« Au regard des moyens considérables dont nous disposons pendant notre formation, les frais de scolarité à la Fémis sont très faibles. Participer au dispositif Création en cours est une manière de rendre un peu ce que l'école m'a donné », observe avec simplicité Rémi Brachet, diplômé depuis 2014 du département scénario de la célèbre école de cinéma et réalisateur de Peau rouge présenté lors du dernier Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Une adhésion que le lieu de sa résidence, l'école primaire de Neufchère, à Marthille en Moselle, conforte. « Si le tissu de villages est très dense, l'environnement est avant tout rural. Travailler dans un territoire éloigné des structures culturelles m'intéressait », poursuit-il. Ce n'est pas tout : la Moselle se prête idéalement à son projet de film sur le carnaval. « Les carnavals les plus populaires se trouvent dans des régions qui rencontrent des difficultés économiques, comme s'ils étaient, dans ces territoires, un des derniers terrains de joie sociale et collective ».


Je trouvais intéressant que les enfants puissent découvrir les professions du cinéma. J'ai donc fait venir des comédiens, des chefs décorateurs, des costumiers

La résidence à l'école de Neufchère, avec des élèves de CE2, CM1 et CM2, se déroule pendant le temps de l'écriture du scénario - le tournage du film étant prévu en 2018 ­- et s'organise autour de la construction d'un char imité de celui du carnaval d'Ivrea, en Italie du nord. « Ce carnaval, que j'ai découvert grâce à Création en cours, met en scène la révolte du peuple contre ses seigneurs à travers une énorme bataille d'oranges. Certains participants sont au sol, d'autres sur des chars attelés. Il sert de modèle au travail que j'ai entrepris avec les enfants, le but étant de reconstruire un char et, au-delà, de mettre en scène un mini carnaval lors de la restitution qui aura lieu fin juin ».

Un projet dans lequel Rémi Brachet invite d'autres artistes à intervenir à ses côtés : « Si la résidence est axée sur l'écriture du scénario, elle me permet de réfléchir plus largement au film que je souhaite réaliser. Je trouvais intéressant que les enfants puissent découvrir les professions du cinéma. J'ai donc fait venir des comédiens, des chefs décorateurs, des costumiers ». Un aspect du projet qui a pour corollaire - et de façon frappante pour la construction du char - de sortir le jeune réalisateur de sa « zone de confort », ce qui n'est pas pour lui déplaire. La sensation du reste fait écho à celle éprouvée par les enfants, dont les habitudes ont été transformées par l'arrivée d'un artiste à l'école.

Pour leur plus grand plaisir, sans doute. Les enfants ont en effet entrepris un travail autour du masque : ils l'ont fabriqué puis, aidés par les comédiens, ont expérimenté « cette question d'être un autre, et de casser ainsi les barrières, qu'elles soient sociales ou scolaires ». Puis, aux côtés de Rémi Brachet, ils ont scénarisé leur propre carnaval en partant des images des personnages du carnaval - lanceurs d'orange, cochets... - que leur proposait le jeune réalisateur pour ensuite inventer une histoire « qu'ils se sont appropriés et qui est devenue la leur ».

Le résultat est positif à tous égards. « Certains sont plus à l'aise avec les masques, d'autres avec l'invention d'histoires. La comédienne leur a parlé d'une forme de sacralité du masque, du fait qu'il y avait quelque chose à trouver à la réunion d'eux-mêmes et du masque, cela leur plaît beaucoup. Sur l'invention d'histoires, ils vont beaucoup plus loin que ce que j'imaginais. Tout l'enjeu est de faire en sorte qu'ils se construisent un alter ego tout au long de l'atelier que ce soit par l'intermédiaire du jeu ou du masque. Ce n'est pas tant le support que la manière dont on l'accompagne qui fait la richesse du travail avec les enfants ».

Enjeu parallèle : celui d'un dépassement, par l'image elle-même, d'une culture visuelle omniprésente dans l'imaginaire des enfants. « Toutes leurs références sont des références de dessins animés, de films et de jeux vidéo. L'ambition du projet est aussi de s'en servir pour aller plus loin. J'ai ainsi montré aux enfants un certain nombre de rushs déjà tournés à Ivrea, des images brutes sans structure narrative. De là est parti tout un travail visant à élargir leur horizon imaginaire ».

Le réalisateur qui, plus jeune, a fait beaucoup d'animation, mais n'avait encore jamais eu l'occasion de travailler avec les enfants autour de sa discipline et de son métier, entend bien revenir à Marthille une fois la résidence terminée : « Au sortir de l'atelier, j'aurai un scénario complet et j'entrerai dans une autre phase de travail. J'aimerais beaucoup associer les enfants à l'évolution de l'avancée du film en leur montrant les rushs et les tables de montage. De la présentation de leur travail en juin à la finition du mien, je souhaite que nous partagions cette expérience ensemble jusqu'au bout ».

Le réalisateur Rémi Brachet avec les enfants de l'école de Marthille, en Moselle © Rémi Brachet


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