Le Royaume-Uni doit conserver des liens étroits avec l'UE pour relever les défis du Brexit

OCDE - Organisation de Coopération et Développement Economique - 02/11/2017 14:05:00

L'économie du Royaume-Uni a fléchi après le référendum à l'issue duquel les électeurs Britanniques ont décidé de quitter l'Union européenne (UE). Il sera crucial de conserver des liens étroits avec l'UE et de mettre en oeuvre des mesures destinées à renforcer la productivité pour préserver le niveau de vie de la population du Royaume-Uni dans l'avenir, selon un nouveau rapport de l'OCDE.

La dernière Étude économique de l'OCDE consacrée au Royaume-Uni décrit avec précision l'évolution de sa situation depuis le vote de juin 2016 en faveur de sa sortie de l'UE, en mettant en exergue la montée des incertitudes et un certain nombre de risques. L'Étude évoque notamment le coup porté au pouvoir d'achat des ménages par la hausse de l'inflation, le recul du taux d'épargne et la diminution du solde migratoire. Elle présente différentes options envisageables pour relever les défis liés au Brexit et renforcer le dynamisme et l'inclusivité de l'économie britannique dans les temps à venir.

Dans cette Étude, présentée à Londres par le Secrétaire général de l'OCDE, Ángel Gurría, et le Chancelier de l'Échiquier britannique, Philip Hammond, sont identifiées des priorités d'action pour l'avenir, notamment de nouvelles initiatives budgétaires propices aux gains de productivité et des réformes globales destinées à renforcer les résultats économiques des régions à la traîne dans l'ensemble du pays.

« Le Royaume-Uni est entré dans une passe difficile, le Brexit créant de graves incertitudes économiques qui pourraient étouffer la croissance pour les années à venir », a déclaré M. Gurría « Il sera absolument essentiel de conserver des liens économiques aussi étroits que possible avec l'Union européenne, tant pour les échanges de biens et de services que pour la circulation des travailleurs. Les autorités peuvent et devraient continuer à utiliser les politiques macroéconomiques, notamment budgétaire, pour soutenir l'économie, aussi bien pendant qu'après les négociations relatives à la sortie du Royaume-Uni de l'UE. La prospérité future passera par de nouvelles réformes destinées à améliorer la qualité des emplois, à renforcer la productivité de la main-d'oeuvre et à faire en sorte que les fruits de ces réformes bénéficient à tous. »

Selon l'Étude, la poursuite des progrès économiques dépendra de la réussite des négociations avec l'UE et de celles qui restent à venir avec les pays non membres de l'Union européenne. Elle recommande aux pouvoirs publics de déployer des efforts pour assurer une forte intégration des industries de réseau dans les chaînes de valeur mondiales et garantir un très bon accès des secteurs de services aux marchés étrangers.

Les mesures de relance monétaire ont laissé aux autorités des « marges de manoeuvre budgétaires » pour prendre davantage d'initiatives en faveur des investissements propices aux gains de productivité. Selon l'Étude, le gouvernement devrait envisager de déployer rapidement ces mesures au cas où l'économie britannique resterait piégée dans la situation de croissance lente où elle se trouve aujourd'hui. Il est également souligné que les autorités pourraient réaliser un examen des dépenses et de la fiscalité en vue de libérer des ressources pour financer des initiatives budgétaires complémentaires, sachant que l'on pourrait notamment réaliser des économies en augmentant les cotisations d'assurance nationale (NIC, National Insurance Contributions) acquittées par les travailleurs indépendants, et en indexant les pensions publiques uniquement sur les revenus moyens d'activité.

Selon l'Étude, remédier aux écarts de productivité territoriaux - entre les régions très productives, comme Londres et le sud de l'Angleterre, et les régions qui le sont moins, situées dans le nord du pays - peut constituer un moyen essentiel de favoriser la croissance à long terme et de partager les fruits de la prospérité dans l'ensemble du pays. Dans le cadre de la stratégie industrielle, des investissements dans les transports et le logement ciblés au niveau local et régional stimuleraient les effets d'agglomération propices aux gains de productivité. Une poursuite de la décentralisation devrait passer par une augmentation de la part des recettes d'impôts sur les biens immobiliers revenant aux collectivités locales.

Accroître les aides à l'innovation afin de faciliter l'adoption par les entreprises des technologies modernes, renforcer la collaboration entre les entreprises, et les universités et adapter l'enseignement technique aux besoins des entreprises locales permettront de renforcer la productivité dans les régions, de même que l'adoption de mesures complémentaires destinées à garantir une formation satisfaisante des enseignants et à mettre en place des incitations permettant de réduire les pénuries d'enseignants dans les régions défavorisées, selon l'Étude.

Compte tenu du niveau élevé de l'emploi, la politique du marché du travail et la politique sociale devraient être axées sur l'amélioration de la qualité des emplois, ainsi que sur le renforcement de la productivité des travailleurs peu qualifiés. Cela peut passer par un durcissement des critères à satisfaire pour devenir travailleur indépendant, afin que l'octroi de ce statut soit limité aux entrepreneurs véritablement indépendants, par un renforcement des droits des travailleurs sous contrat « zéro heure » en termes de sécurité de l'emploi, ainsi que par des dispositifs individualisés pour améliorer les perspectives de formation tout au long de la vie, indique l'Étude.

Une Synthèse intégrant les principales conclusions de cette Étude économique est consultable à l'adresse suivante : www.oecd.org/fr/economie/etudes/etude-economique-royaume-uni.htm.