Protéger les enfants des risques de nature sexuelle en ligne : les experts du Conseil de l'Europe adressent quelques conseils pratiques aux parents

Conseil de l'Europe - 17/11/2017 13:35:00

A l'approche de la Journée européenne pour la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels, qui sera célébrée le 18 novembre, le Conseil de l'Europe a mis en ligne une série de tutoriels vidéo afin de protéger les enfants des nouveaux risques de nature sexuelle encourus sur la toile et de les aider à naviguer dans l'environnement numérique en toute sécurité.

« Nous tous - parents, enseignants, collectivités, gouvernements - devons veiller à ce que la technologie et les nouveaux médias soient pour les enfants des outils d'exploration, d'apprentissage et d'épanouissement, et non à ce qu'ils les livrent en pâture à l'exploitation et aux abus sexuels », a déclaré Thorbjørn Jagland, le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe. Celui-ci a à ce propos souligné l'importance de ne pas fuir devant le problème de l'exploitation et des abus sexuels commis en ligne à l'encontre d'enfants, mais au contraire de le faire connaître et de rechercher les moyens de le combattre.

Les six tutoriels et la brochure publiés aujourd'hui dispensent aux parents des conseils pratiques sur la parentalité à l'ère du numérique concernant divers groupes d'âge - enfants de moins de 8 ans, enfants entre 9 et 12 ans, et jeunes entre 13 et 17 ans. Les menaces spécifiques qui planent sur les enfants en ligne et ce que les parents peuvent faire lorsqu'un enfant en est victime font partie des questions couvertes par les tutoriels.

La contrainte et l'extorsion sexuelles (sextorsion) désignent une situation où un agresseur fait du chantage à un enfant en utilisant des photos de cet enfant qu'il a lui-même produites dans le but de lui extorquer des faveurs sexuelles, de l'argent ou d'autres avantages. Ce « chantage à la webcam » a rapidement augmenté ces dernières années, mais il reste très peu signalé par les jeunes victimes. « Ne rien communiquer et ne pas verser d'argent ; conserver des preuves, faire des captures d'écran et ne rien effacer » font partie des conseils pratiques que les experts du CdE donnent aux victimes.

L'envoi et la réception de messages sexuellement explicites, (sexting), généralement par appareils portables, sont des situations qui amènent l'enfant à perdre définitivement le contrôle des contenus échangés et à s'exposer au harcèlement, au chantage et à d'autres formes de manipulation.

L'échange d'images ou de matériels sexuels entre un enfant et un adulte sur les réseaux sociaux, les plateformes de jeux et les forums (sex-chatting) constitue souvent la première étape de la sollicitation d'un enfant à des fins sexuelles (grooming) et de la création de pornographie infantile. Les recherches montrent que les pédophiles en ligne ont en l'espace de deux minutes des conversations extrêmement sexualisées avec les enfants sur les forums de discussion. S'assurer que les enfants n'ajoutent pas d'étrangers à leur liste d'« amis » sur les réseaux sociaux et qu'ils évaluent de façon critique les informations qu'ils partagent, mais aussi observer leur comportement peut aider à limiter les risques.

Les criminels qui sollicitent des enfants en ligne à des fins sexuelles (grooming) établissent une relation affective avec eux et vont ensuite essayer d'exploiter leurs jeunes victimes en les persuadant de prendre part à des activités sexuelles en ligne ou de les rencontrer dans la vie réelle où ils vont les soumettre à des violences sexuelles ou à la traite. Un enfant qui se montre secret en changeant d'écran, qui utilise un langage sexuel inattendu, qui est en possession de cadeaux et de gadgets qui ne lui viennent pas de ses parents, voilà autant de signes qui devraient alerter les parents du risque que leur enfant ait été victime d'un manipulateur en ligne.

La diffusion non consentie d'images sexuelles à des fins de vengeance (revenge porn) est le risque encouru par les enfants après avoir mis fin à une relation. Que doivent dire les parents à leurs enfants pour éviter qu'ils deviennent victimes de vengeance pornographique ? Si leur enfant reçoit une image sexuelle d'un autre enfant ? Si leur enfant a créé des images sexuellement explicites et qu'il apprend qu'elles sont partagées en ligne ? « Ne partage rien et détruis immédiatement les images reçues » ; « Conserve les preuves et signale l'affaire à la police » ; « Ne prends jamais de photos sexuellement explicites de quiconque » - ces conseils et d'autres peuvent aider les parents et leurs enfants à sortir de situations profondément traumatisantes.

En juin 2017, le Conseil de l'Europe a lancé un nouveau cycle de suivi concernant les 42 États Parties à la Convention de Lanzarote, axé sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels facilités par les technologies de l'information et de la communication. Les réponses des États Parties et les commentaires de la société civile seront examinés durant la période 2018-2019, et un rapport détaillé de la situation sera préparé.

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