Fin de la progression des performances des athlètes : tous ont progressé mais tous s'arrêtent

AP-HP - Assistance Publique Hôpitaux de Paris - 17/09/2018 09:35:00

La question des frontières physiologiques retient désormais toutes les attentions : l'Homme est-il en passe d'atteindre ses limites ou les repoussera-t-il sans cesse grâce aux apports de la science ?

Dans une étude publiée dans la revue Journal of Gerontology, une équipe interdisciplinaire, conduite par Adrien Marck, chercheur à l'IRMES, et Jean-François Toussaint (IRMES-INSEP, Université Paris Descartes et Hôtel-Dieu, AP-HP) montre que la progression des meilleures performances a récemment ralenti, chez les athlètes élites comme pour l'ensemble des classes d'âge de 0 à 110 ans.

Une progression similaire à tous les âges
L'équipe a analysé les évolutions depuis 50 ans des records à chaque âge de très nombreuses épreuves sportives. Il montre que les performances se sont améliorées dans chaque tranche d'âge, chez les femmes comme chez les hommes. La dynamique d'expansion a été la même quelles que soient la discipline et l'âge.

Cette progression résulte d'une synergie entre les apports technologiques, scientifiques, médicaux et sociétaux, accompagnée d'une démocratisation de la pratique pour les athlètes masters et vétérans (âgés de plus de 35 ans). Ceux-ci ont notamment bénéficié des mêmes progrès que les élites avec, pour les plus compétitifs, une optimisation similaire des méthodes d'entrainement, des apports nutritionnels ou des technologies dédiées à la haute performance.

Un ralentissement commun et régulé
Toutefois, lors des deux dernières décennies, cette progression a ralenti dans l'ensemble des classes d'âge. Ce ralentissement est mesuré tant par l'écart avec les records précédents, de plus en plus faibles, que par la fréquence des exploits, de plus en plus rares, suggérant que les athlètes de tous âges se sont approchés, comme les élites, au plus près de leurs frontières physiologiques.

Leur évolution suggère aussi que notre croissance récente a suivi une forme générique de développement, commune à toutes nos activités, en passe de s'arrêter.

De fait, en l'absence d'innovation majeure, les meilleures performances à chaque âge pourraient bientôt préciser les contours ultimes des limites d'Homo sapiens. Certains records pourront encore être établis dans les prochaines décennies, notamment parmi les plus talentueux et les plus expérimentés.

Mais avec le vieillissement progressif des pays développés, la quête de gains marginaux, dans ces classes d'âge comme dans l'élite et dans l'ensemble de la population, pourrait être difficile à réaliser dans un avenir proche.

Age-related Upper Limits in Physical Performances
Adrien Marck, Juliana Antero, Geoffroy Berthelot, Stacey Johnson, Adrien Sedeaud, Arthur Leroy, Andy Marc, Michael Spedding, Jean-Marc Di Meglio, Jean-François Toussaint.

https://doi.org/10.1093/gerona/gly165

L'IRMES : L'Institut de Recherche bioMédicale et d'Épidémiologie du Sport (EA 7329 de l'Université Paris Descartes associée à l'INSEP / Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance, au Ministère des Sports et à l'AP-HP / Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) développe un programme international d'études ciblant quatre domaines de pointe en matière de recherche: épidémiologie de la performance, physio-pathologie du sport, prévention par les activités physiques ou sportives, physiologie expérimentale.