Brexit : en Irlande, le retour d'une frontière maudite ?

INA - Institut National de l'Audiovisuel - 19/10/2018 16:35:00


Casse-tête insoluble sur la question du Brexit. La question de la frontière séparant la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord n'a toujours pas trouvé de solution lors du sommet de Bruxelles réunissant les chefs d'Etat européens.

Casse-tête insoluble sur la question du Brexit. La question de la frontière séparant la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord n'a toujours pas trouvé de solution lors du sommet de Bruxelles réunissant les chefs d'Etat européens.

1998, grâce aux accords du Vendredi Saint, la frontière se pacifie...

en 1998, les accords du Vendredi Saint entre le gouvernement de Londres emmené par Tony Blair, et les différences forces politiques d'Irlande du Nord (unionistes et indépendantistes) mettent un terme à ces décennies de violence. Depuis, les milices ont désarmé, les violences à la frontière ont largement diminué, et l'économie a profité de la paix retrouvée.

Mais s'était sans compter le coup de tonnerre du Brexit. Car la frontière irlandaise va désormais séparer un état membre de l'Union européenne - l'Irlande - d'un pays tiers, le Royaume Uni. C'est ce spectre du « retour de la frontière » que tous les responsables veulent éviter. Mais pas de la même façon.

Conserver provisoirement l'Irlande du Nord dans l'Union douanière européenne : la proposition de Bruxelles (rejetée par Londres)...

L'Union européenne, par l'entremise du responsable européen des négociations, Michel Barnier, propose un « Backstop », un filet de sécurité conservant provisoirement l'Union douanière à la seule Irlande du Nord pour éviter le retour des contrôles à la frontière entre Irlande et Irlande du Nord. Sa proposition est d'instituer les contrôles des marchandises entre l'Irlande du Nord et la Grande Bretagne, soit à bord des ferries qui traversent la mer d'Irlande, soit directement dans les entreprises nord-irlandaises. Cette proposition a donc le mérite de préserver l'invisibilité de la frontière entre les deux Irlande, et de conserver la pertinence de l'Union douanière et du marché commun européen, sur lequel Bruxelles ne veut transiger.

Mais pour Londres et Belfast, cette proposition semble impossible. En acceptant l'instauration de contrôles, aussi minimes soient-ils, au sein même du Royaume Uni, la proposition de Michel Barnier arrimerait de fait l'Irlande du Nord à l'Irlande. Un recul d'autant plus difficile à accepter pour Londres que politiquement, Theresa May compte absolument sur le soutient de dix députés unionistes de l'Irlande du Nord, pour qui cette proposition européenne est inacceptable.

Conserver provisoirement l'ensemble du Royaume Uni dans l'Union douanière européenne : la proposition de Londres (rejetée par Bruxelles)...
En retour, Londres a proposé qu'au lieu de prolonger l'Union douanière à la seule Irlande du Nord, c'est bien tout le Royaume Uni qui pourrait bénéficier de l'Union douanière, de façon provisoire, en attendant la fin de la période de transition - en 2020. Cette contre-proposition britannique, est, elle, inacceptable pour Bruxelles qui se doit de défendre la cohérence de son marché intérieur. Si Londres a voté pour le Brexit, alors le Royaume Uni ne peut bénéficier de l'Union douanière.

Ainsi se pose la délicate question de la frontière irlandaise, principale pierre d'achoppement entre Londres et Bruxelles sur l'accord du Brexit, qui doit intervenir pourtant dans les prochaines semaines, en accord avec le calendrier initial.

Une difficulté qu'ont en fait pressenti les Irlandais du Nord. En 2016, ils ont en effet voté à majorité pour le « remain », à l'instar des Ecossais. Un résultant opposé de celui de leurs compatriotes anglais, qui ont eux voté à majorité pour le « brexit ». Comme si les provinces périphériques du Royaume-Uni avaient pressenti l'importance de l'Union européenne dans le maintien d'un équilibre fragile...