Nous n'attendrons pas le #8mars pour appeler à l'aide!

Women Safe - 28/02/2023 10:50:00

L'Institut Women Safe & Children, tire la sonnette d'alarme face à un afflux massif de demandes d'accompagnements de femmes et d'enfants victimes de violences. L'association a atteint sa capacité maximale d'accueil. Pour prendre en charge plus de victimes, l'association a besoin de plus de moyens. Frédérique Martz, cofondatrice, lance un appel d'urgence aux entreprises et à l'Etat!


En ce début d'année, vous faites face à une situation de «saturation» inédite. Que se passe-t-il?

Pour commencer, je souhaite rappeler que l'Institut Women Safe & Children est l'Institut pionnier en France dans l'accompagnement pluridisciplinaire des femmes et des enfants victimes de violences depuis 2014.

Ces dernières années, nous avons dû répondre à une augmentation des demandes d'accueil et de prise en charge des femmes mais aussi des mineurs victimes de violences. En 2022, nous avons accueilli et accompagné 903 victimes de violences, soit 203 bénéficiaires de plus qu'en 2021. Derrière ces chiffres en constante augmentation, existe une réalité de terrain que nous ne pouvons pas occulter. Pour être opérante, la prise en charge pluridisciplinaire que nous offrons doit s'inscrire dans la durée. Pour tout nouvel accueil, il faut compter entre trois mois et un an de prise en charge effective.

Aujourd'hui, nous sommes face à un afflux croissant de victimes, mais nous ne négocierons pas avec la qualité de la prise en charge pluridisciplinaire et gratuite. C'est la raison pour laquelle, nous sommes obligés de «fermer» temporairement notre standard téléphonique. Pendant cette période de «fermeture» nous allons tout faire pour stabiliser chaque situation en cours, nos bénéficiaires auront accès à un numéro de téléphone interne pour rester en contact avec l'équipe pluridisciplinaire.

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

N'avez-vous pas peur de laisser des victimes sur le bord de la route?

Toutes les mesures temporaires et inédites que nous prenons ces jours-ci profiteront à la qualité de la prise en charge des bénéficiaires. Aujourd'hui, nous recevons en moyenne 12000 appels entrants par an. Chaque appel nécessite un échange d'environ quinze minutes, avant la fixation du premier rendez-vous. Il est indispensable que chaque nouvelle entrante puisse ensuite bénéficier d'un accueil de qualité au sein du site dans les huit jours suivant son appel.

Nous devons aussi préserver nos équipes, et pour cela nous avons besoin de recruter.


Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

Comment expliquez-vous ce phénomène de saturation ? Est-ce déjà arrivé?

La lutte contre les violences faites aux femmes s'est imposée dans le débat public et la parole s'est libérée, mais cela n'explique pas tout. La «promotion» des actions comme le 3919, numéro d'écoute, gratuit et anonyme ou du 119 pour les mineurs, ne tient pas compte de la réalité des associations qui oeuvrent dans la prise en charge effective des victimes. Les orientations faites par ces cellules d'écoute ont explosé (+ 30% en 2022), mais les moyens donnés aux structures d'accueil n'ont pas augmenté. Si la prise en charge chez Women Safe & Children est totalement gratuite, ce n'est pas pour autant qu'elle n'a pas un coût!

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

Etes-vous inquiète?

Nous sommes inquiets quant à la pérennité de notre action. Depuis 2014 nous avons accompagné plus de 5000 femmes et 350 enfants, et nous leur avons permis de se reconstruire.

Pour l'heure, il est indispensable de ne pas se méprendre sur les enjeux d'une prise en charge spécialisée des victimes de violences. Avant tout suivi psychologique, il faut être en mesure de traiter le traumatisme. Il est important de rappeler que la formation en psycho traumatologie de tous les professionnels est demandée. Mais ces exigences ont un coût: des formations, une augmentation importante du nombre de professionnels oeuvrant sur le site, des séances d'EMDR à la charge de l'association, des thérapies connexes comme l'équithérapie pour les enfants, la formation des policiers, etc. La gratuité de la prise en charge des victimes est inscrite au coeur de l'Adn de Women Safe & Children; ce serait une double peine pour les victimes, de devoir payer pour traiter leur traumatisme.

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

Quelles solutions envisagez-vous?

Renforcer nos capacités d'accueil et d'accompagnement relève de l'urgence! Pour cela, nous misons sur notre politique d'essaimage. Notre site des Yvelines accueille des femmes et des enfants en provenance de plus de51 départements de France métropolitaine et d'outre-mer.Pour désengorger cette antenne, l'Institut Women Safe & Children souhaite aller à la rencontre de ses bénéficiaires en s'implantant dans les territoires, prioritairement au coeur du monde rural, là où les victimes sont les plus isolées.

En 2022, l'Institut se félicite d'avoir déjà pu ouvrirdeux nouvelles antennes, en Corse du Sud et en Haute-Savoie. Mais tout cela a un coût!

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

La lutte contre lesviolences faitesauxfemmes est la «grande cause nationale»des deux mandats d'Emmanuel Macron. Que lui diriez-vous, si vous en aviez l'occasion?

Je lui dirais qu'un soutien de l'Etat, reconnaissant notre action de terrain mais aussi le choix d'oeuvrer dans les zones rurales, mériterait une plus grande écoute et des soutiens financiers indispensables à l'action.

Je lui rappellerais que50 % des féminicides sont perpétrés dans ces zones dites «rurales», quand seulement 30 % de la population y habite.Les espaces ruraux ont des caractéristiques particulières qui entravent la prévention, la détection, l'intervention et la prise en charge des victimes. La plupart des moyens mis en place dans les zones urbaines sont totalement inopérants en territoires ruraux. Je l'interpellerais sur l'usage d'untéléphone grave dangerou d'unbracelet anti-rapprochementpour les conjoints ou ex-conjoints, au milieu d'une zone blanche. Notre politique d'essaimage au coeur des territoires est une réponse concrète aux spécificités des territoires ruraux. Mais nous avons besoin de moyens pour pouvoir essaimer en région ! Ces moyens supplémentaires ne doivent pas être conditionnés par le remplissage de dossiers complexes, nécessitant un poste administratif dédié.

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

Et les entreprises, dans tout ça: ont-elles un rôle à jouer?

Oui, l'engagement des entreprises dans le cadre de leur Responsabilité Sociétale et Environnementale est absolument indispensable! Nous lançons un SOS aux entreprises: nous avons besoin qu'elles s'engagent de façon pérenne à nos côtés.

Aidez-nous! Donnez-nous les moyens de pérenniser la gratuité de notre prise en charge et d'augmenter nos capacités d'accueil. Aidez-nous concrètement en devenant mécène de Women Safe & Children, en parrainant la création d'une nouvelle antenne, etc.

D'autre part, l'entreprise est un terrain d'action pertinent pour transmettre par la formation de chaque collaborateur, des outils pour repérer, dépister et orienter le plus tôt possible les victimes de violences. N'oublions pas que l'entreprise comprend des victimes et des auteurs de violences dans ses rangs. Former le plus grand nombre pour construire un monde où chaque citoyen sera en mesure de prévenir les violences mais aussi de les dépister fait partie de nos missions. En 2022,l'Institut Women Safe & Children a formé plus de3000personnes à travers55formations.


Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.
Un mot pour conclure?

La lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants est un enjeu majeur de notre société. Notre antenne historique est complètement saturée, nos équipes sont à bout de souffle. Nous n'attendrons pas le #8mars pour appeler à l'aide!


Soutenir nos actions

Oui ! Je réponds à l'appel de Women Safe and Children.

J'engage mon entreprise : Donnez-nous les moyens de pérenniser la gratuité de notre prise en charge et d'augmenter nos capacités d'accueil.
Aidez-nous concrètement en devenant mécène de Women Safe & Children, en parrainant la création d'une nouvelle antenne, en finançant une action spécifique ou un atelier thérapeutique, etc.

Contactez : partenariat@women-safe.org

Je suis un journaliste / media : Je souhaite mettre en lumière le travail et les actions de l'Institut Women Safe & Children.
Contactez : annabelle@women-safe.org


L'antenne des Yvelines en chiffres

10 salariés, 5 vacataires, plus de 50 engagés.
12000 appels entrants par an.
120 consultations spécialisées par semaine.
903 victimes de violences accueillies et accompagnées en 2022, soit 203 bénéficiaires de plus qu'en 2021.
5000 femmes victimes de violences et plus de 350 enfants pris en charge depuis 2014.