A l'occasion de la présentation d'une synthèse de ses travaux le GIEC invite la communauté internationale à prendre la mesure de ses responsabilités

WWF - World Wide Foundation - 03/04/2023 10:10:00

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) publie ce 20 mars la synthèse de ses derniers travaux, sortis entre 2021 et 2022. Après une année marquée par un manque d'ambition à l'échelle mondiale, ce bilan scientifique rappelle qu'on ne peut pas aller contre la réalité de la nature et du climat. Le WWF appelle les gouvernements à briser en 2023 le tabou de la sortie des énergies fossiles et à débuter sans attendre le chantier de protection et de restauration de la biodiversité lancé par l'accord mondial adopté à Montréal.


Des travaux scientifiques sans équivoque
Le GIEC estime que près de la moitié de l'humanité (entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes) vit dans un environnement hautement vulnérable au changement climatique.

Au terme d'un 6ème cycle d'évaluation qui a nécessité plusieurs années de travaux, les experts du GIEC publient ce 20 mars la synthèse des trois rapports d'évaluation sortis entre 2021 et 2022. Les résultats de ces années de travaux scientifiques sont sans équivoque: la planète s'est déjà réchauffée de 1,1°C, le niveau des mers est monté de 20 cm depuis 1901, la superficie de la banquise arctique n'a jamais été aussi réduite depuis 1850. Aujourd'hui, le GIEC estime que près de la moitié de l'humanité (entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes) vit dans un environnement hautement vulnérable au changement climatique. La responsabilité des activités humaines ne fait plus de doutes, tant pour la hausse des températures que pour les vagues de chaleur extrêmes observées ces 10 dernières années, qui auraient été "extrêmement improbables" sans l'influence de l'homme sur le climat.

Par sa capacité à séquestrer le CO2, la biodiversité ralentit le réchauffement climatique : les écosystèmes naturels, principalement forêts et océans, ont absorbé, au cours des 10 dernières années, 54 % des émissions de CO2 liées aux activités humaines. Elle demeure ainsi notre meilleure alliée, à travers les solutions fondées sur la nature et tous leurs services rendus (stockage du carbone, protection côtière par les mangroves, résilience aux sécheresses grâce aux zones humides). Elles peuvent ainsi soutenir la capacité de stockage des puits de carbone planétaires (préservation, reboisement) et améliorer la résilience aux catastrophes (protection côtière par les mangroves). Pourtant, cette alliée est, elle aussi, menacée : le GIEC indique que plus nous émettrons de CO2, moins les écosystèmes seront efficaces pour absorber le CO2.


Par sa capacité à séquestrer le CO2, la biodiversité ralentit le réchauffement climatique : les écosystèmes naturels, principalement forêts et océans, ont absorbé, au cours des 10 dernières années, 54 % des émissions de CO2 liées aux activités humaines. Elle demeure ainsi notre meilleure alliée, à travers les solutions fondées sur la nature et tous leurs services rendus (stockage du carbone, protection côtière par les mangroves, résilience aux sécheresses grâce aux zones humides). Elles peuvent ainsi soutenir la capacité de stockage des puits de carbone planétaires (préservation, reboisement) et améliorer la résilience aux catastrophes (protection côtière par les mangroves). Pourtant, cette alliée est, elle aussi, menacée : le GIEC indique que plus nous émettrons de CO2, moins les écosystèmes seront efficaces pour absorber le CO2.

Une mise au point après une année décevante pour le climat


Cette synthèse intervient après une année manquée pour le climat - tant du côté des émissions de CO2 que de l'adaptation : alors qu'il faudra réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d'ici 2030 et de 60% d'ici 2035, par rapport à 2010, pour contenir le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales liées aux énergies fossiles ont continué d'augmenter en 2022. Pourtant, sortir des énergies fossiles reste la meilleure solution pour réduire nos émissions à court terme. A cet égard, la COP27 a échoué à faire accélérer les efforts des gouvernements pour réduire leurs émissions : le gaz et le pétrole sont restés un tabou que l'accord final n'évoque pas. Dans ce contexte, les Etats ne sont pas sur la bonne trajectoire : bien loin de limiter la montée des températures à 1,5 °C, les engagements actuels mènent la planète vers un réchauffement d'au moins +2,4°C à la fin du siècle.

Pourtant, en plus des solutions fondées sur la nature, les mesures pour atteindre nos objectifs sont connues, comme la modification de nos systèmes alimentaires responsable d'un tiers des émissions mondiales, ou le déploiement des énergies renouvelables dont les coûts ont baissé drastiquement depuis 2010 (moins 85% pour le solaire et les batteries lithium-ion, moins 55% pour l'éolien).

Le bilan scientifique sur la table des gouvernements


Ce bilan scientifique, résumé et synthétisé pour pouvoir être lu et compris par les chefs d'Etat et de gouvernements du monde entier, arrive au bon moment. A l'aube d'une année chargée en sommets internationaux et négociations diplomatiques, il doit agir comme une mise au point. En particulier au moment du sommet sur le nouveau pacte financier entre pays en développement et pays développés, discuté en juin à Paris. Mais les gouvernements devront surtout accélérer leurs efforts à la COP28 et commencer sans attendre à mettre en oeuvre l'accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal en 2022.

Le WWF appelle les Etats et la présidence émiratie de la COP28 à faire de la sortie des énergies fossiles et de la protection de la biodiversité deux priorités des discussions internationales en 2023. En pleine crise climatique et d'effondrement de la biodiversité, et avec un bilan scientifique sans équivoque, les gouvernements ne peuvent pas manquer une nouvelle fois l'occasion de limiter le réchauffement climatique à 1,5° tout en protégeant la biodiversité.