Sommet pour l'Amazonie, à Belém. Discours d'Emmanuel MACRON

Elysée - Présidence de la République - 10/08/2023 09:00:00


À Belém, les huit pays membres du traité de coopération amazonienne se sont réunis pour lutter contre la déforestation qui menace les grands poumons de notre planète.

À cette occasion, le Président Emmanuel Macron a rappelé l'engagement fort de la France - présente en Amazonie au travers de la Guyane - dans le combat pour la préservation des forêts primaires tropicales. Il a également mis en avant l'importance de se doter d'un modèle qui concilie préservation de la nature et développement économique en rémunérant les services que rendent les États forestiers et leurs populations au reste du monde.

Ce modèle, qui constituera l'une des priorités de la France à la COP 28 en fin d'année, avait été présenté à Libreville à l'issue du One Forest Summit co-organisé par la France et le Gabon.


Monsieur le Président Lula, Messieurs les Présidents,

Je vous remercie chaleureusement pour l'organisation du Sommet pour l'Amazonie ainsi que de votre invitation et regrette de ne pas pouvoir être parmi vous. Mais j'ai tenu à vous adresser ce message de soutien et à confirmer l'engagement fort de la France pour la protection des forêts et de l'Amazonie en particulier.

Vous le savez autant que moi et je l'ai rappelé au One Forest Summit de Libreville, la forêt est absolument critique dans la lutte contre le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité. Les scientifiques sont clairs : en 2022, quatre millions d'hectares ont disparu des forêts primaires tropicales qui stockent le plus de carbone et de biodiversité à l'échelle de la planète. Ce sont 2,5 gigatonnes d'émissions de CO2 qui ont été générées en plus, soit l'équivalent d'une année d'émissions fossiles d'un pays comme l'Inde. Il est urgent d'agir pour protéger nos forêts, de mettre un terme à la déforestation.

Pour cela, il faut trouver des solutions concrètes à nos problèmes communs, non pas en mettant sous cloche les forêts tropicales mais en associant les populations qui vivent dans la forêt et de la forêt, et qui en sont les premières gardiennes. De nombreux engagements ont déjà été pris : à Glasgow en 2021, nous nous sommes engagés à stopper la déforestation d'ici 2030, à Montréal en 2022, nous nous sommes engagés à sauver 30% des terres et des mers. Mais nous devons aller plus loin.

Il est impératif de mener ce combat de manière intégrée, de lutter à la fois contre les fléaux de la déforestation, de la pollution et de l'orpaillage illégal en Amazonie, tout en défendant les populations qui la peuplent. La France, en tant qu'Etat amazonien, fait face à ces mêmes défis sur son territoire guyanais et c'est la raison pour laquelle je suis particulièrement heureux de la participation de la France à ce Sommet. En effet, ce combat ne peut-être que collectif et régional et je remercie en particulier la Colombie, qui a accueilli il y a quelques semaine le Sommet préparatoire de Leticia.

Du One Forest Summit de Libreville, au Sommet de l'Amazonie aujourd'hui, au Sommet des Trois Bassins au Congo en octobre prochain, toutes les régions se mobilisent et nous permettent d'avancer sur les engagements concrets à prendre.

Ce qu'il faut, j'en suis convaincu, c'est un accord juste entre les pays forestiers, avec eux, et avec leurs populations locales. Nous travaillons déjà avec le Gabon, le Congo, la République Démocratique du Congo et la Papouasie Nouvelle Guinée. Je reviens justement de Port Moresby où, avec le Premier Ministre James Marape, nous avons convenu de travailler ensemble à l'élaboration pour ce pays d'une plateforme-pays sur les forêts, la nature et le climat. L'idée, c'est de rassembler toutes les forces pour protéger les réserves vitales, de carbone et de biodiversité, dans l'intérêt du pays, de ses habitants et du monde entier.

Au One Forest Summit j'ai insisté sur la nécessité d'avoir des partenariats justes entre la communauté internationale qui, légitimement, s'intéresse à la protection des grands puits de carbone, et les pays forestiers et avec eux, les populations autochtones qui sont là depuis des siècles, voire des millénaires, et qui savent gérer leur forêt et qui veulent aussi réussir leur développement économique. Une forêt protégée qui maintient, voire qui augmente, son taux de séquestration du carbone, ce n'est pas uniquement une forêt fermée à l'homme, c'est une forêt exploitée durablement et justement rémunérée.

Bien entendu, il faudra y consacrer plus de moyens. Nous l'avons annoncé à Libreville, la France, Conservation International et la Fondation Walton se sont engagés à mettre 100 millions d'euros additionnels à disposition des pays qui souhaitent accélérer leur stratégie de protection des réserves vitales de carbone et de biodiversité dans le cadre des partenariats pour la forêt, le climat et la nature. Depuis, nous avons été rejoints par d'autres comme la Wildlife Conservation Society et la fondation Bezos. Le travail continue. L'agence française de développement est déjà au rendez-vous avec plus de 20 millions de subventions fléchés sur l'Amazonie sans compter les prêts projets. Nous allons également mettre à contribution tous nos experts, notamment ceux des opérateurs de l'équipe France comme l'Institut de Recherche en Développement qui ont participé au volet scientifique de ce sommet.

Je voulais remercier tout particulièrement le Président Lula pour son engagement et saluer les efforts du Brésil et la diminution de la déforestation. C'est la preuve que la volonté politique peut faire la différence. Et je me réjouis de l'accueil par le Brésil de la COP30 en 2025, pour laquelle vous pouvez compter sur le plein soutien de la France. Dix ans après l'accord de Paris, la COP30, première COP climat en Amazonie, marquera, j'en suis certain, un nouveau jalon historique dans la lutte collective de l'humanité contre le changement climatique.

Je vous remercie de votre attention et ne doute pas que vos échanges feront date.


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